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The songs remain, concert, textes et musique Simon Dalmais, (08-06-2011) *


Au théâtre Les Déchargeurs,

Un spectacle en apesanteur

Nous entraîne sur les hauteurs,

Légères bulles de bonheur.


Dès que sur le piano ses mains se posent,

A notre songe, plus rien ne s'oppose.

Émerveillement, féerie, s'imposent,

On oublie tout, l'espace d'une pause.


Quand tout s'éveille à la métamorphose,

On part en voyage vers d'autres choses.

Entre sa musique et nous c'est l'osmose,

Guitare, voix et piano en symbiose.


Quand, sur les notes, sa voix il appose

Comme un profond râle, ses idées exposent

Tout ce qu'il a en lui et qui implose,

Une grande ivresse, en nous, il dépose.


Tous les styles et courants il juxtapose

Et bon nombre d'accords il superpose,

Nous transportant, tel le magicien d'Oz,

Dans un rêve où l'oxygène explose.


Ses compositions offrent quelques doses

D'émotion, relaxation, quoiqu'il ose.

Il déploie son talent de virtuose

Pour tout terminer en apothéose.



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Les mots mes fleurs, Emma Solal en concert, (04-06-2011) *


Quand Les Déchargeurs

Cultivent les fleurs ...


Les mots, mes fleurs,

Les mots m'effleurent

Toute la peau

En oripeaux.


Emma Solal

Chante en rivale

La Capitale,

Sur du gris pâle

Qu'elle y installe.


En rouge et noir,

Entre passion

Et désespoir,

Entre raison

Et fleur d'espoir,

A fleur de peau

Elle met des mots

Sur tous les maux,

Sur les chagrins

Qui prennent fin.


Elle chante Paris,

L'amour en arc-en-ciel,

Et aussi l'Italie

Et le bleu de son ciel.


Dans cet échange artisanal,

Elle nous offre un festival,

Une composition florale,

Un gros bouquet oral

Pour gentil carnaval.


Elle fredonne les fleurs des champs

Entre contrebasse et piano.

Elle les mêle à tout

Et s'en fait des atouts

Qu'elle dédicace aussitôt

A Robert Desnos, entre autres chants.



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Freefalling, concert, textes et musique, Hannah Judson (03-06-2011) *


Quand le théâtre Les Déchargeurs

Soudain se transforme en échangeur

D'idées

Chantées ...


Hannah Judson,

Un nom qui sonne

Quand elle entonne

Ce qui résonne.


"Freefalling",

Un filet de voix

Qui s'écoule

En chute libre.

Guitares, par trois,

Qui déboulent

Et délivrent

Joie de vivre,

Comme au bowling.


Une Américaine à Paris,

Pour chanter l'isolement

Et les histoires sordides,

C'est un peu comme un pari.

Lutter contre l'oppression

Et les désirs avides,

C'est un véritable défi

Qu'elle lance avec passion.

Puissent ses illusions

Ne pas tomber dans le vide !


En toute intimité,

Et grande simplicité,

Une soirée sympathique,

Et même mélancolique,

Qu'on peut venir goûter

Dans une cave voûtée.



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Salieri, le mal-aimé de Dieu, de et par Jean Hache (01-06-2011) *


C'est bien au Lucernaire

Que, sur de drôles d'airs,

Salieri met à terre

Honneur et puis carrière,

Tous ses rêves amers.


C'est au travers d'un clair obscur

Que débute cette affaire obscure,

Entre rejet et admiration,

Dégoût et pure fascination.


Le grand Maître de la Musique, Salieri,

Dans une geôle d'aliénés, finit sa vie.

On pénètre son intimité ...

Jusque dans son lavage de pieds.

Peu à peu, sur son front, tombe la lumière

Quand, de ses souvenirs, son esprit s'éclaire.


A l'égard du génial Mozart

Dont il va discréditer l'art,

La jalousie de Salieri

Lui a rongé toute sa vie.


De six ans son aîné,

Le maître Salieri

Va Mozart écraser

Et ternir son génie.


Salieri, le mal-aimé des dieux,

Se révèle un personnage odieux,

Cherchant à asservir

Ce qui peut lui servir.


Aux femmes, il veut plaire,

A Dieu, ne pas déplaire.

A trahir en expert,

Il se montre exemplaire.


Maîtresses ou élèves,

C'est seul qu'il les élève,

Que par eux il s'élève,

Piétinant la relève.


Quand sa langue de vipère

Son entourage exaspère,

Trahison et vengeance

Sont sa seule exigence.


Sa haine est si bien écrite,

Sa passion si bien décrite,

Qu'on peut mieux apprécier

Ses mortelles pensées.


C'est avec la plus grande obstination

Qu'il ne pense qu'à la fornication.

Tout en les méprisant, il se sert des femmes.

Son comportement, à leur égard, est infâme.


Que peut faire ce pédagogue excellent

Face à un Mozart arrogant et triomphant ?

Si ce n'est triompher en tant que courtisan

Et distiller son venin habilement.


Belle reconstitution de textes d'époque.

Très intéressant assemblage qui provoque.

Après un tel choix,

On reste sans voix.

Diaboliquement orchestré,

Divinement interprété.



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Emballages, par La Compagnie Théâtre du Faune (31-05-2011) *


A l'Epée de bois,

On n'est pas de bois

Face à ce clown blanc qui a tout d'un auguste

Débordé, dépassé. Mais qu'est-ce qu'il déguste !


Usé par travail et les transports,

Il ne maîtrise plus du tout son corps

Qui, dans tous les sens, gigote et se tord.


Entouré de cartons robustes,

Malgré leur aspect très vétuste,

Et qui échappent à tous ses efforts,

Terrorisé par tous ces corps à corps,

Il poursuit son idée et point n'en démord.


Persécuté par ces cartons en révolte

Qui, tous, sèment le grand vent de la récolte,

Parmi eux, et avec eux, il virevolte.


Soudain submergé de visions cauchemardesques,

A l'effigie de son pur visage grotesque,

Il se met à s'exprimer, non plus en gestes,

Mais, désarticulant des paroles burlesques,

Réinventant un autre langage clownesque.


Un spectacle d'expression corporelle

Qui, à la réflexion, donne des ailes.

En appréciant leur magnifique gestuelle,

Surgie d'une humanité irréelle,

On plonge dans leur rituelle éternelle,

Sempiternelle ritournelle virtuelle.


Cinq à se mouvoir

Dans une drôle d'histoire,

Cinq à nous émouvoir

Et faire fuir le cafard.

Au pays de l'imaginaire,

On aspire un très grand bol d'air !



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Eves ..., recueil de 22 textes. Conception et mise en scène de Chloé Ponce Voiron (27-05-2011) *****


Si on passait par Les Déchargeurs ?

Comprendre les conflits et les heurts ...

Retrouver un peu d'honneur

Pour accéder au bonheur !


Habillées de lumière,

De linge blanc vêtues,

Six femmes ordinaires,

(Jeu extraordinaire),

Sur la vie, nous éclairent,

Sans frivole prière,

Mais avec retenue,

Sur l'origine entière

Du ciel et de la terre.


Du blanc au noir,

Six fabuleuses comédiennes

Passent par toutes les couleurs

D'habits d'espoir,

Pour que, par foi(s), la vie devienne

Autre chose qu'un haut le cœur.


Un subtil jeu de lumières

Qui magnifie l'atmosphère ...

Une superbe mise en scène s’insère

Dans un ensemble sublime et sincère,


Spectacle inoubliable,

Cousu d'une écriture

Incisive et palpable.

Récits intolérables

Et faits inacceptables

Font sauter les armures.

Instants de force pure.


Grâce à leur jeu éblouissant,

Ce texte épatant et tranchant,

Formé de tracés fulgurants

Rouge vif, indélébile temps,

Nous tire des larmes de sang !


Paroles déchirantes, lancinantes, qui

A travers les larmes provoquent aussi

Des explosions de joie parfois ressentie.


Écrire dans l'urgence.

Montrer l'intelligence

De ces fragments de vie,

Montés et recueillis.

Supprimer le mépris,

Toujours et à tout prix,

Sauver les fruits cueillis,

Assurer la survie.


On plonge au cœur d'écrits

De souffrance et des cris.

Une œuvre qui décrit

Tout ce que l'on décrie.


Avec un humour féroce

Et des paroles qui tuent,

D'Eve, elles reconstituent

L'origine de coups atroces.


De la terre glaise

De la Genèse,

A : "Non c'est Non",

Avec ou sans non-dit,

Quand une femme dit :

"NON, C'EST NON" ... NON, C'EST NON !


Vingt ! Vains ?

Portraits de femmes,

Pas très infâmes,

Par traits profanes,

Purs traits diaphanes,

Quel beau programme !


Contre la domination du mâle et fils

Qui considèrent la femme comme un maléfice,

Juste bonne à faire la cuisine et des fils,

Mais qui demeure encore mère de tous les vices,

Bref, toujours prête à subir tous les sévices.


Dès la naissance,

Ça n'a pas de sens.

Elle est malmenée

Et condamnée

A obéir,

A tout subir,

Ne pas bouger,

Tout supporter.


Pourquoi ?

Pourquoi pas !

Pour quoi papa ?

Parce qu'elle

Est née ELLE ...

Et pas LUI.

Pour elle,

Les étoiles

N'ont pas lui.


La pièce, elle,

N'est pas banale.

Le spectacle, lui,

Luit à cinq étoiles.


Habiles découpages

D'extraits, précis montages,

Judicieux assemblages,

Décuplent la force des textes

Choisis avec discernement,

Formidables prétextes,

Pour mettre à nu

Vérités crues.

Excellents enchaînements

Propices au déchaînement

De multiples sentiments.


De la divine lumière

A l'éblouissante clarté

Qui tombe sur nos paupières

En un flot d'hilarité,


En passant "La Serpillière"

Trempée de générosité,

Elles soulèvent nos œillères

Sur l'humble solidarité.


Inceste, viol, lapidation,

Excision, "ainsi font, font, font,"

Parmi d'autres points d'exclusion,

Ces textes qui forcent l'admiration

Et sont tous joués à la perfection.


Entre rires et larmes,

Très vite on s'alarme.

Elles sonnent l'alarme

Pour qui prendra les armes.


Pour ne pas rendre l'âme,

Que reste-t-il aux femmes

Pour résister aux flammes

Et détourner les lames ?


Laissez- vous fléchir,

Venez réfléchir

Et vous affranchir

D'idées préconçues.

Venez enrichir

Tous vos aperçus.


Si les gorges se raclent,

Noyées de pensées âcres,

Avant l'ultime débâcle,


Courrez voir ce spectacle ...

Hautement remarquable !

Chef d’œuvre incontournable.



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Discours sur le bonheur, d'Emilie du Châtelet, (25-05-2011) **


C'est au vieux Lucernaire

Qu'on vient respirer l'air

Du siècle des lumières.


"Discours sur le Bonheur",

Du dix-huitième siècle.

"Propos sur le Bonheur",

Pour le vingtième siècle.


A l'un comme à l'autre,

Alain est des nôtres.

D'un bonheur à l'autre,

C'est aussi le vôtre.


Intérieur désuet

Et costumes d'époque

Nous mènent, sans équivoque,

Au cœur de ses secrets.


Elle édicte les décrets

Que sa réflexion provoque.

On l'écoute qui évoque

Ses beaux discours défaits.


Comme une gourmandise,

Sont les mots qui se disent.

La marquise

Est exquise.


Femme savante

Et bien pensante,

Emilie du Châtelet,

Dans ses discours très complets,


Nous invite, dès ce soir,

A ne plus nous faire avoir

"Et à oublier quelqu'un

Qui a cessé de nous aimer."


"Il faut, comme dit Monsieur de Richelieu,

Découdre l'amitié et déchirer l'amour."

Sur l'art de la rupture, elle nous fait un cours

Car "il faut bien quitter l'amour un jour."


Si "La douleur est un siècle

Et la mort un moment,

Oublions les tourments,

Ne serait-ce qu'un instant.


Refermer le couvercle

Et fuir à tire d'aile

Les souvenirs rebelles,

Pour voir la vie plus belle.


"Les plus courtes folies sont les meilleures",

C'est ainsi qu'on quitte l'ami, sans pleurs.

"Cultiver le goût de l'étude" est supérieur,

C'est ainsi qu'on quitte la vie, sans heurts.


Jeu sobre et naturel

De l'actrice Edith Vernes

Qui, si bien, son personnage cerne,

Que, de Madame du Châtelet,

Elle n'est pas le simple reflet.

Femme et actrice, les deux, elle mêle.


Amour, bonheur, mort,

Sur ces grands sujets

Elle discourt encore,

Sans aucun rejet.


Femme d'exceptionnelle trempe,

Dans l'encre, sa plume elle trempe,

Pour, avec son ami Voltaire,

Etudier les pensées sur terre.


"Et surtout,

Sachons bien ce que nous voulons être ..."

C'est ce qu'elle écrit si bien dans ses lettres

Et que, ici, elle laisse paraître !



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Oulak dans le Grand Nord, spectacle de grandes marionnettes (25-05-2011) *


A La Comedia ou Auguste Théâtre,

Joyeusement, avec eux, on y folâtre.


De douces notes qu'un piano égraine

Vont en nous semer la petite graine

Qui fait pousser l'espoir de liberté

Que tout être vivant a méritée.


Marionnettes et grandes peluches animées

Evoluent dans un univers glacé,

Dans un joli décor

Pour rêver du Grand Nord.


Conte inspiré des légendes populaires,

Que le comédien et auteur, Serge Gelly,

A chaque représentation, réécrit

Avec son jeune public,

Sur une base magique,

Pour que sur terre revienne la lumière.


Pour rugir de plaisir

Avec la "Compagnie

Théâtre des deux lions",

Venez découvrir,

Avec vos amis,

Un monde qui fond.



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Des petits bouts de bonheur, concert, textes et musique Gavroche (24-05-2011) *


Au théâtre Les Déchargeurs,

Ils vident leurs six chargeurs.


Le "chanteur Gavroche",

La grosse galoche,

D'une vraie taloche,

Nous met dans sa poche.


Il tape sur tout ce qui bouge,

Came, pouvoir, police et rouge.

En parlant des sans-papiers,

Il nous met dans ses papiers.


Sans hargne ni prétention,

Sans armes mais cent chansons,

Il se défend avec passion.

A six, le monde, ils refont.



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Mr. Mecano, concert, textes et musique Bea Tristan (24-05-2011) **


Soudain, Bea Tristan,

Sans perdre un seul instant,

Nous mène sur la route

Qu'elle suit, en déroute,

Vers un monde meilleur,

Comme dans "Easy Rider".


A bord de l'auto

De Monsieur Mecano,

Elle vole au galop

Dans sa parano.


De sa voix rauque et pénétrante,

Sur des musiques percutantes,

Elle nous entraîne, fascinante,

Dans une atmosphère lancinante.

Dans les sons aigus, enivrante,

Dans les graves aussi elle est excellente.

Guitares et contrebasse palpitantes,

Pour accompagner la voix récitante.

A conter, elle n'est jamais réticente.


Elle nous fait pénétrer

Son univers décalé.

Et là, nous sommes piégés

Et bientôt apprivoisés.


Dans la cave voûtée

Du théâtre des Déchargeurs,

Nous avons voyagé

Bien mieux que sur un échangeur

D'autoroute,

Somme toute !


Trio bien carrossé

Et jamais embourbé.



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Témoins à Charge, ou La Comparution d'Eros et Tanatos devant les hommes, de Jean-Pierre Siméon, (23-05-2011) *


Au théâtre Essaïon,

Les murs, nous repoussons.


Le mur, derrière le mur, dans le mur.

"Tout le monde a dans la tête un mur."

Des solitudes entourées de murs.

Des servitudes aux douleurs qui durent.

Des tranches de vie qu'à trois elles épurent.

Chacune, tour à tour, parle, nature-

Elle-ment, de souffrances et d'aventures.


Quelques temps vraiment forts,

Laissent place aux remords

De n'avoir pas encore

Dénoncé le triste sort,

Renoncé au vil ressort

Qui étouffe et qui tord,

Prend la vie à bras-le-corps

Pour la réduire à la mort.


Frêles instants de poésie

Qui font réfléchir à la vie

Quand elle n'est plus que survie.


J'ai beaucoup apprécié

Les textes interprétés,

Avec art et sans fard,

Par Isabelle Brochard.


Emouvant, troublant et dérangeant.

Elles grattent là où c'est brûlant,

Touchent à ce qui est important

Afin que réagissent les gens.



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La fiancée du soleil, conte berbère, d'après Mouloud Mammeri. Théâtre musical (22-05-2011) **


A l'Aktéon,

Nous rêvons ...


Dès que la scène s'éclaire,

On est transporté, c'est clair,

Dans un tout autre univers,

Baigné de douce lumière.


On est sous le charme des costumes,

Imprégnés des us et coutumes,

Qui se fondent dans un décor

Des Mille et une nuits d'aurore.


Comme échappés de la caverne

D'Ali Baba, aux étoffes précieuses,

On s'enfonce, sans plus de balivernes,

Dans la légende mystérieuse.


Habillés de brocart

Avec le plus grand art

Ils nous enchantent de litanies

Pour fuir les cruelles tyrannies.


Conte d'un autre temps,

"C'était au temps

Où l'on prenait le temps" ...

D'arrêter le temps.


C'est, dépaysés,

De doux chants bercés,

Par leur jeu, subjugués,

A leurs voix, attachés,


Que l'on se laisse aller

A la joie d'écouter :

"Il était une fois au pays du sable",

"La fiancée du soleil" et sa jolie fable ...



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Les Cerises au Kirsch, itinéraire d'un enfant sans ombre, écrit et interprété par Laurence Sendrowicz (22-05-2011) **


A la Vieille Grille,

De l'espoir brille !


C'est dans ce lieu intime

Que Laurence nous accueille

D'une cerise qu'elle cueille

Dans son panier d'osier

Pour, avec nous, partager

Un moment privilégié.

Nous voici rassasiés,

L'Histoire peut commencer.


"Souriez, mon histoire

n'est pas une histoire triste."


Cerise à l'eau de vie

(Madeleine de Proust)

Qui déclenche et revit

l'histoire de leurs vies.

Cerise au kirsch qui prend vie

Sous le palais, à l'envie,

Dans notre bouche alanguie.

Dès lors, nous sommes tout ouïe

Pour apprécier son récit.


"Mon passé a le goût sucré de l'alcool

Qui se répand sur la langue."

"Il y en a dont la mémoire

Est beaucoup plus amère."


Touchante de sincérité,

Vérité, sensibilité,

Elle raconte gaiement,

Avec sourire, sans larmoiement,

Avec poésie, fantaisie,

Finesse et diplomatie,

Justesse et sobriété,

Modestie et simplicité.


Sur un plateau dénudé,

Seulement de lumières habillé,

Dans un décor dépouillé,

Une mise en scène épurée,

Tout de noir vêtue,

De souvenirs battue,

Sérieuse ou drôle,

Elle joue tous les rôles,

Tous les personnages,

Quelque soit leur âge.


"Ça valait combien la vie

De deux gamins juifs en 1942 ?"


1942 :

Il est Léon.

1946 :

Il est Léo.

Le N

De la haine

S'en est allé,

Comme ses parents,

En fumée !

En perdant une lettre,

Il devient un autre être :

"Un enfant sans ombre"

Pour veiller sur lui,

Sans l'ombre d'un nom

Pour sa protection.

Dehors, tout luit,

Dedans, tout cuit.


Un témoignage de plus,

Vous direz-vous ?

Non, un témoignage en plus

Est au rendez-vous !

Il n'y en a jamais trop

Quand il s'agit

De réapprendre

Et de reprendre

Goût à la vie,

Au grand galop.


"Le lendemain, quand je suis revenu,

Il n'y avait plus rien dans mon casier."

"Mais on peut se reconstruire sur du vide."

"On prend l'aiguille et on recoud."


Afin que l'espoir ne périsse,

Que l'attention ne s'affaiblisse,

Et que sur la mémoire ne glisse,

(En occultant tous les supplices,

Les atrocités, les sévices,)

Un passé torturé qu'on lisse.


A étouffer le souvenir

Jusqu'à en perdre le sourire,

D'horreur, ce serait à frémir.

Laisser tant de fleurs se flétrir

Sans entendre la terre gémir

Et exhaler tous ses soupirs,

Ce serait, le monde, affranchir

Du devoir de mémoire si noire.


Rugir, pour finir par mourir ?

Réagir et finir par périr ?

Çà, on ne doit plus le souffrir !

Aux tyrans, ne plus obéir ?

Seule façon de s'en sortir,

Franchement et sans s'avilir !


Laurence et Nafi

Ont fait le pari

D'une "tentative de mettre en mots

Une famille anéantie" sous les maux,

"Une mémoire qui se reconstruit".

"Cerner ce nœud d'angoisse et de bonheur"

Pour enfin conjurer tout le malheur

Et tenter de dépasser la douleur.

"Histoire familiale broyée",

"Monde intérieur fracassé",

Comment tout affronter

Et ses peurs surmonter ?


"J'y arriverai parce que je ne laisserai

personne entrer dans ma tête ...

J'ai 17 ans ... Je résiste."

"Libre, seul et fort."

"J'ai 17ans, je suis vivant

et j'ai un frère de 13 ans à aimer."



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Alice au pays des merveilles, spectacle musical, d'après l’œuvre de Lewis Carroll (22-05-2011) *


Au théâtre l'Aktéon,

Place à l'imagination

Et aux douces émotions !


Lewis Carroll,

On en raffole !

Adaptation

Simple et joyeuse

De la merveilleuse

Affabulation,

Mise en chansons

Pour petits fripons.


Alice au pays

Des merveilles

Se réveille

Dans une comédie

Musicale,

C'est pas banal.


Jeune demoiselle

Pleine de malice

C'est elle qu'on appelle

"La petite Alice".


La narratrice,

A coups de

"Pick pock

Je te bloque",

Toute situation

Débloque.

De bond en bond,

Dans toute époque

Elle se glisse,

Partout s’immisce.


Divine

Comptine !

Alice,

Est au

Supplice,

Dans un

Etau,

Prend un

Gâteau,


Et aussitôt,

Elle se transforme,

C'est pas trop tôt,

Puis se déforme,

Car très bientôt,

Par toutes les formes,

Du petit au gros,

Elle se reforme,

C'est rigolo !


Petite Alice,

Avec délice,

De précipice

En maléfice,

De sacrifice

En armistice,

Partout se hisse !


Divertissement sympathique,

Trio moderne et féerique

Qui, avec de simples artifices,

Construit un monde fantastique.


De cette folie mystérieuse

Emane une atmosphère curieuse

Où chacun apprend quelque chose,

A petite ou plus grande dose.


Tous les effets

Sont très bien faits,

Avec des costumes plaisants,

Pour un grand voyage charmant.


"Je suis allée au bout de mon voyage

et j'ai appris quelque chose de très

important : il faut toujours aller

au bout de ses rêves."


Mets ton imaginaire

à l'air, rêve sans trêve ...

"Le pays des merveilles

se cache au fond de nous !"



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Les Franglaises, éditions "Spéciales", par Les Tistics. Spectacle musical en V.F. (21-05-2011) ***


Au théâtre Daniel-Sorano

La salle a croulé sous les "Bravo !",

Car Les Tistics

Sont fantastiques.


Le public en délire

Crie pour les retenir.

Qui voudrait donc partir ?

Tant les cœurs ils chavirent ...


"Les Franglaises Spéciales",

Toujours originales,

En chœur artisanal,

Nous remontent le moral.


Jeux de scène incroyables,

Des mimiques impayables,

Un entrain redoutable,

Un talent véritable.


Un ensemble de diables,

Au ressort indéniable,

Qui jouent impeccable

Leurs chansons remarquables.


D'autres "Spéciales" encore,

Aux mises en scène en or,

On les attend alors,

Par centaines, dès lors ...


On guète avec passion

Leurs nouvelles traductions

Qui, de toutes façons,

Auront une ovation !



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Parade, Les Derniers Clowns, Tragik Opérette (17-05-2011) **


C'est à l'Epée de bois

Qu'on fait feu de tout bois.

Dans la "Parade"

Ça pétarade.


Desseins animés

De mains animées

De bons sentiments,

C'est vraiment charmant.


Jeux de mains malins,

Borborygmes fins,

Accablements feints,

Du monde, la fin ?


Spectacle bien vivant !

Sous les bombardements,

S'élève un joli chant.

Harpe, harpinette et batterie

Donnent la réplique aux fusils

Et à leurs nombreux tirs nourris.

Ces clowns, habités de tragique,

Échappent aux gaz diaboliques,

Sur tous les tons et en musique.


Drôles de clowns désabusés,

Face au désastre, médusés,

Cherchant à déjouer

Leur terreur affichée.


Dans leur théâtre en ruines,

Eux, au bord de la ruine,

Ils rejouent unanimes

Leur clownerie divine.


Ces cinq joyeux camarades,

Sans aucune débandade,

Ni la moindre dérobade,

Nous jouent une mascarade.


Un petit bijou de parodie

Qui fait de l'enfer un paradis.



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Dom Juan Impuni, mise en scène de Mario Gonzalez (17-05-2011) ***


Sûr, qu'à l'Epée de bois,

Nous, on n'est pas de bois.

Mais, tous conçus en bois,

Les masques, eux, sont rois.


Et "Dom Juan Impuni",

Chaque soir nous réunit,

En ce joyeux "Mai des masques"

Où chaque acteur met des masques.


Leur joie de vivre sur nous ricoche

Et le spectateur est dans la poche,

Prêt à participer,

Le regard allumé !


Bouffonnerie fort étonnante

Qui tout de suite nous enchante.

Avec le public ils plaisantent,

L'échange est quasi permanent.


Divertissement passionnant

Dont la fin est éblouissante.

Jeu d'une espièglerie cinglante.

Un bon moment, assurément !


Masques impressionnants,

Perruques luxuriantes.

Tout ici est charmant

Et drôle tout le temps.


Dans ce spectacle allègrement bondissant,

Sganarelle et Dom Juan montrent leur folie.

Gestuelle et jeux de scène tous captivants

En font une mise en scène fort réussie.


Interprétation non classique,

Avec un côté emphatique,

Réjouissant et grand-guignolesque,

Du récréatif au burlesque,

Qui rend la tragédie épique,

Mais surtout tout à fait comique.


Toutes leurs tenues folkloriques

Aux couleurs vraiment sympathiques,

Costumes comme des reliques

Avec accoutrements féeriques,

Subliment leur jeu fantastique

Et leurs incroyables mimiques.


Cette adaptation magnifique,

Façon commedia dell' arte,

Mais quelque peu modernisée,

Offre une prestation gymnique,

Jolie parodie sarcastique

D'une œuvre aux si belles répliques.


Un très gros clin d’œil à Molière

Qui, d'eux, aurait pu être fier !

A voir autant qu'à écouter,

Courrez vite vous amuser ...

Venez profiter de leur talent décuplé,

Au salut final, vous resterez bouche bée !



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Metrolympia, Simon Bensa, en concert au Lucernaire (15-05-2011) +


Simon Bensa ?

On aime tous ça.

Sa voix singulière

Fait grimper au lierre.


Particulièrement bon

Dans ses propres créations,

Je trouve ça vraiment dommage

Qu'il n'y en ait pas davantage.


Bien que sans envergure

Sa voix a fière allure.

Il a du caractère

Et a tout pour vous plaire.


Sa voix est si légère

Qu'elle donne le frisson.

On guète avec passion

Ses nouvelles chansons.



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Les petites fêlures, de Claude Bourgeyx, adaptation et interprétation Yann Mercanton (12-05-2011) ****


Ce soir aux Déchargeurs

On nage en plein bonheur !


Claude Bourgeyx,

Sans nul complexe,

Nous offre un texte,

Joli prétexte,

A distiller sa géniale folie

Entre surprise et mélancolie.


Ecriture d'une finesse

Qui porte à l'extase et à l'ivresse.

Jeu d'une surprenante justesse.

De purs instants de bonheur

Qui mettent du baume au cœur.


Sur la corde raide

De la corde à linge,

Tel un motocycliste,

Soudain, il entre en piste.


Un phare sur son visage blême,

Il nous éclaire sur ses problèmes

Loufoques, d'une drôlerie extrême.

On passe des moments de joie suprême.


Inattendues

Et saugrenues,

Ses subtiles grimaces

Illuminent sa face.


C'est cet habile maquillage

Qui lui ajoute vingt ans d'âge

Et crédite le personnage

D'une apparence qui l'engage

A se montrer encore plus sage.


Gestuelle

Naturelle,

Le corps qui ploie

Sous ses exploits.


Cet excellent conteur

Se révèle enchanteur.

Ses tranches de vie,

Toutes passionnantes,

Nous donnent l'envie

Des fables alléchantes.


Quand les lèvres de la gouvernante,

A conter, deviennent frémissantes

Et qu'on s'endort au pays des fées,

Que le sommeil produit son effet,

Face au talent, on est bouche bée.

Cet acteur nous laisse médusés.


Ce retraité de l'armée,

D'un peu plus de cinquante ans,

Par son jeu enflammé

Met le feu dans nos rangs.


Les petites fêlures

Finissent en fissures,

Provoquant déchirures,

Ravivant nos brûlures.


Coincé entre une gouvernante

Qui le sert, mais aussi le hante,

Et un chauffeur

Qui lui fait peur,

Il vit de terribles frayeurs

Mélangées aux douces saveurs

Des mets cuisinés qui l'enchantent,

Servis par l'impertinente.


On passe alors,

Mais sans effort,

"Du quotidien le plus courant

A l'absurde le plus délirant."


Peu à peu, il se laisse dépouiller

De son entière personnalité,

Ecrasé par sa domesticité

Qui va le rendre fou à lier.


Ce personnage étrange

Nous fait rire et dérange

Nos habitudes d'anges

Et gratte où ça démange.


Entre Maupassant,

Pour le côté passionnant,

Et Roland Dubillard,

Pour le côté égrillard.


Seize nouvelles vraiment drôles

Qui toutes donnent le beau rôle

A nos rêves et à leurs fables.

Historiettes à rendre affable.


Spectacle cadencé

Où tout est orchestré

Et chaque pas dansé

Avec entrain tracé.


Mise en scène explosive,

En tous points inventive,

Entre réalité et cauchemar,

Entre rêve et imagination.

A ses espiègleries on prend part

Et on attend la suite avec passion.


A chaque intonation

C'est la jubilation.

Spectacle à revoir,

Même chaque soir.


D'une infinie drôlerie,

Ce texte humoristique,

Superbement écrit,

Incisif et sarcastique,

Est très bien servi

Par une mise en espace réglée,

Comme sur du papier millimétré.


Mime de talent,

Artiste complet

Au jeu étonnant,

A tout faire lui-même il se plaît.

A la mise en scène et aux décors,

Il ajoute costumes encore.

Tout est épatant.


Avec des mimiques

Plus que sympathiques,

Il habite tous les personnages

Quelque soit leur sexe et leur âge.


Un peu comme un aviateur,

Il survole avec hauteur

Et distance les malheurs

Qui sont de petits bonheurs.


Avec son casque et ses lunettes d'aviateur,

Il décolle les poussières de la monotonie.

Dommage que ce soit déjà fini,

Quelques louches on en aurait bien repris !


Après avoir pétaradé à cent à l'heure,

Sans jamais avoir jeté un seul maléfice,

Le spectacle se termine en feu d'artifice.

Venez passer un vrai moment miraculeux

Avec un comédien tout à fait merveilleux ...


Beaucoup de talent,

Un ravissement !



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La Douleur, de Marguerite Duras, avec Sylvie Maury (11-05-2011) **


A l'Essaïon,

C'est la passion !


Dans la douleur,

Avec pudeur

Et conviction, elle

Attend Robert L.

Aucune nouvelle

Vient emplir son cœur.


D'une voix singulière

Elle évoque la guerre

Et les camps de concentration

Avec une telle émotion

Qu'à ses lèvres on est suspendu

Guettant un être cher, disparu.


Sa souffrance est palpable.

On se sent misérable

De ne pouvoir l'apaiser,

Même d'un lointain baiser.


Longiligne silhouette

Vêtue d'un long manteau noir,

S'arrachant au désespoir

Elle fait notre conquête.

Elle est touchante

Et attachante.


Si elle semble vulnérable

A tous ces faits intolérables,

Avec force et sobriété

Elle raconte avec fierté

Les tourments et les cruautés,

Les déchirures inévitables.


Elle fait revivre la confession

Et tire Duras de ses confusions.

Sa parfaite diction

Force l'admiration.



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Effroyables jardins, de Michel Quint, avec André Salzet (11-05-2011) **


Au Petit Saint-Martin,

L'Histoire fait son chemin.

L'espoir cède au chagrin,

La victoire est pour demain.

Le chagrin cède à l'espoir,

C'est pour demain la victoire.


"Effroyables jardins",

Solo de Michel Quint.

Efficace Salzet,

Tout ce qu'il fait nous plaît.


D'un texte difficile,

Il montre l'intérêt.

On n'en perd pas le fil,

Tellement c'est bien fait.


La relation père / fils

Devient sans artifice

Mais avec émotion

Une autre relation.


Peu à peu on rentre dans le sujet,

Se défendant d'en faire le rejet,

Quand on comprend le terrible secret

Qui a gâché l'enfance que Salzet

Interprète avec beaucoup d'effet.


Ce superbe comédien,

Par une grande sensibilité,

Sobriété et générosité,

De tous les faits, crée le lien.

Résistance, otages, nazis,

Quolibets et autres lazzis.


Son jeu gagne en intensité

Dès que les faits sont cités.

Une montée d'émotion

Nous submerge avec passion.

Tout devient clair et limpide

Grâce à son jeu intrépide.


Dans un besoin d'éternité,

Belle leçon d'humanité !

"Sans vérité,

Comment peut-il y avoir de l'espoir ?"

A voir ...



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Dialogues sur le banc, de Raymond Souplex (09-05-2011) *


L'Aktéon

A tout bon !


Un clin d’œil à Jeanne Sourza

Et ça, c'est plutôt sympa.

Textes de Raymond Souplex

Réanimés sans complexes.


Tous ces "Dialogues sur le banc"

Qui n'ont pas pris un cheveu blanc

Sont en tous points ressemblants

A nos souvenirs d'enfants.


Rafraîchissant notre mémoire

Tout au long de leurs histoires

Ces deux gentils prétextes à boire

Font toujours recette au square.


Dit en toute simplicité

L'humour de ces réparties

Toujours d'actualité

Est une vraie tranche de vie.


Ce jovial couple de clochards

Est à son habitude hilare.

De soupirs en doux sourires,

Se souvenir des délires


Radiophoniques

Bien sympathiques

De l'après-guerre,

C'est du tonnerre !



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Australopithèques Modernes, duo absurde de Christophe Delort (06-05-2011) *


Le Funambule

Est dans sa bulle.


C'est déjà vingt heures sept,

Je vois avec bonheur

Les acteurs qui s'apprêtent

A redoubler d'ardeur.


En dix courtes saynètes,

Leur drôle de compteur

Nous conte les bluettes

De la vie et ses heurts.


Ils trottent en trotteur,

Des idées plein la tête.

Leurs jambes comme moteur,

Décidés, ils s'entêtent.


Des hochets sans valeur,

Au-dessus des roulettes,

Les rassurent dans leur peur

De faire des boulettes.


Réflexions et labeur

Pour sauver la planète.

Les jouets à la fête,

Pour un monde meilleur !


Ce couple pas très net

Veut vaincre ses terreurs.

Il est toujours en quête

Pour trouver les erreurs.


Des situations bêtes

Les confrontent à l'horreur

Et ça, ça les embête,

Les noie dans la torpeur.


Ils roulent en porteur

Sans tambour ni trompette.

Ces grands enfants sans pleur,

C'est quand même très chouette.


Adultes d'opérette,

Sans issue : dictateurs !

Miroirs aux alouettes

Issus d'usurpateurs.


"J'ai investi dans Le Parti" ...

"N'oublie pas que nous sommes

dans une dictature,

on ne peut pas perdre !"



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Ruy Blas Repetitas, mise en vers de Sébastien Faure (06-05-2011) ***


Exceptionnellement à Daniel-Sorano,

Il n'est jamais trop tôt pour profiter d'Hugo,

Même si chez Patricia Monceaux

On n'en voit que des petits morceaux.


A Avignon ?

Ils y seront !

Dans le off, cet été,

Partagez leur gaieté ...


Répétition personnalisée,

Pour chaque salle réadaptée,

Comme si la pièce réétudiée,

A chaque spectateur présentée,

Lui était spécialement dédiée.


Ruy Blas à nouveau revisité,

Pour notre époque actualisé.

Discours et langage analysés,

Les personnages modernisés.

Gestuelle, jeu, ton, révisés.


Cet excellent travail d'écriture,

Qui nous offre une belle aventure,

Nous permet, sans aucune rupture,

Avec contraste, mais sans parjure,

D'apprécier Ruy Blas et sa doublure.


Spectacle hautement parodique

Qui décoince les zygomatiques

Et rivalise de toc en tic

Avec tous les effets même antiques.

Sur tous les grands sujets ils répliquent.


C'est avec tout leur cœur qu'ils s'appliquent

A présenter une œuvre éclectique.

Du classique, au rap électrique,

A cent à l'heure, c'est sympathique.

Superbe interprétation ludique ...


Un triomphe du rire.

Le public en délire

Cherche à les retenir,

Demande à revenir.



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Lettres d'amour à Staline, de Juan Mayorga (04-05-2011) *


A la Tempête,

Faut que ça pète !

Quand l'Histoire s'envole,

Les amours décollent...


Avec Gérard Lartigau,

Je vous le dis tout de go,

Une soirée, même morose,

Se révèle vite grandiose.


Depuis cette journée féerique

Où, dans une pièce radiophonique,

Il incarna Poil de Carotte,

Sa voix, dans la tête, me trotte.


Chaude et vibrante,

A fleur de peau,

Elle hérisse le poil,

Caresse notre peau.

Elle libère les voiles,

Nous nettoie le cerveau,

Elle se fait pénétrante.

Un joyau, une pure étoile,

S'installe dans notre cœur

Pour notre plus grand bonheur.


Cette voix enivrante,

Extase sur plateau,

Subjugue et ensorcelle,

Fait grimper aux créneaux.

Elle soulève les toiles,

Poussières de l'ennui.

Sobre, pleine et tranchante,

Elle donne des ailes,

Même à ses ennemis.


Lartigau, sur scène, est Staline.

"Un amour qui tue"

Est porté aux nues,

Sur tous les tons il se décline.

Diquero et Letort,

Personnages très forts,

Servent Poulange et Jorge Lavelli

Qui, de l'espagnol, le texte ont traduit.


Sur grand fond d'interdiction,

Avec une parfaite diction,

On assiste à l'ultime explosion

D'un couple de dérision

Qui plonge dans la déraison.


Ce "littérateur tombé en disgrâce"

Souffre de ne laisser aucune trace

Et submerge Staline et le Kremlin

De missives où sans cesse il se plaint.


"Un écrivain russe, peut-il

vivre hors de sa patrie ?"

"J'ai toujours su que pour être utile à ma patrie,

il me faudrait écrire loin d'elle."

"Ma patrie bien-aimée me détruit.

Peut-être devrais-je renoncer à ma patrie

pour que survive l'écrivain et l'homme."


L'ombre blanche de Staline

Plane sur les Boulgakov,

Apparition qu'on devine

Et qui s'impose en voix off.


"Votre écriture se nourrit de cette terre"

Dit le camarade Staline, imaginaire.

La femme de Boulgakov, quant à elle, erre :

"Dans toute la ville on me regarde

comme si j'étais mariée avec le diable

en personne. Ça, tu le dois à Staline."


Intrigue et démarche kafkaïenne

Où Boulgakov devient le pantin

De ses hallucinations qui reviennent

Le hanter chaque soir, chaque matin.

Il finit par en perdre la raison,

"comme si le diable était lâché dans cette maison".


Boulgakov, tel un forcené,

Regrette presque d'être né.

Son couple se sent si damné

Qu'il vit sa vie en condamné.


Dans cet immense enfer,

Ce couple qui s'enferre,

Prisonnier de ses fers,

Ne sait plus comment faire

Pour fuir sans se défaire.


Remarquable trio

Qui joue avec brio

Et déjoue les complots

Autour de chaque mot.



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Une saison chez Césaire, Textes d'Aimé Césaire (30/03/2011) ***


Au théâtre Les Déchargeurs,

On prend son message en plein cœur.


Aimé Césaire ?

Aimez ces airs

De liberté

Ré insufflée …


Au son de la musique,

Un langage de gestes

S’instaure et nous captive.

Tout devient vite épique.

Accessible et digeste,

Son discours nous motive.


En entrant sur scène ils tournent

Et les situations retournent.

Ils virevoltent

Et se révoltent.


Couleurs bariolées des vêtements.

Des avancées tout en chatoiement.

Gracieux déplacements,

Félins mouvements

Qui sur scène se déchaînent

Et subtilement s’enchaînent.


D’un fougueux tempérament

Qui jamais ne se dément,

Ces quatre excellents comédiens,

Même dans les sauts de batraciens,

Se révèlent vraiment impayables.

Dotés d’une diction impeccable,

Ils nous font vivre un grand moment

Sans l’ombre d’un relâchement.


Texte extrêmement dense,

Débité tout en cadence

Sur de nombreux pas de danse,

En souplesse et endurance.


A quatre, ils jouent tous les personnages,

Mêlant leurs corps aux racines tordues,

Rejetant toute forme de carnage,

Révélant avec humour les coups tordus.

A Césaire, ils rendent un bel hommage.

Les textes choisis sont bien défendus,

Revécus dans un rythme soutenu,

Avec conviction,

Sans ostentation.


Ils marquent la mesure

De toutes les démesures.

Ils martèlent les injustices,

Usant de tous les artifices.

Sur des instruments de musique,

Ils passent en revue l’Afrique

Où chaque « trivial pantin piteux »

Recèle son côté hideux.


Texte riche, puissant et profond,

Plein de force et de férocité,

D’une incroyable diversité,

Qui invite à des débats de fond.


Droits des humains revisités.

Ecrits d’une révolution,

A nouveau interprétés.

Aimé Césaire prend position,

Revendique la négritude

Dans une très grande amplitude.


Discours sur le colonialisme.

Pamphlet contre l’esclavagisme.

Réquisitoire

Pour un espoir.

Courrez les voir

Dès demain soir.


A un rythme éperdu,

Par le sens, ils sont tenus.

A leurs lèvres suspendus,

On les veut invaincus.

D’une attention soutenue,

C’est à voir sans retenue.


"Une saison chez Césaire",

Une saison en enfer,

A jamais ôter ses fers.

Sortir des sentiers battus

Et des textes rebattus

Pour ne plus être abattus.


« Une époque phallique

et fertile en mirages. »

« Traquez-les, traquez-les »

« Que la terre gémisse à se briser

dans notre étreinte virile. »

« Piétinez, piétinez »

« Je suis l’expropriateur.

J’exproprie pour cause de bien public. »

« Appelle-moi X, l’homme sans nom,

tu m’as volé jusqu’à mon identité. »

« Il n’y a rien à comprendre,

il y a à châtier. »


Remarquable interprétation

Qui nous fait vivre avec émotion

Une œuvre généreuse et juste

Fustigeant tout pouvoir qui s’incruste.

« La liberté est pour demain ! »

Elle s’applaudit des deux mains.



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La Banalité du Mal, de Christine Brückner - Traduction, interprétation : Patricia Thibault (29-03-2011) *


Quand, à la Manufacture des Abbesses,

A évoquer Hitler on se rabaisse,

C'est pour mieux en extirper ce qui blesse

Et pour éloigner de nous toutes bassesses.

Tenter de comprendre la prouesse

De l'actrice déguisée en tigresse

Pour défendre leur maudite forteresse.


Afin de ne pas oublier l'horreur

Perpétrée par les nazis et leur führer,

Ce terrible texte est révélateur

De l'inconscience et de la fureur,

De l'horrible acharnement destructeur,

En toute innocence, mais avec ardeur,

Qui conduit des humains dans le déshonneur.


Quand, de la vie, les lois on transgresse,

Le souvenir fait que l'on progresse.

Puisse-t-il éradiquer l'étroitesse

D'esprit pour vaincre la petitesse.

Respecter l'autre par politesse

Et qu'enfin surmonter ses faiblesses

Ne soit pas une vaine promesse.


Elle est délicieusement odieuse,

Nous persuade de manière insidieuse,

Avec naïveté et ignominie,

Que seul son führer est un génie.


"Tous ont toujours été impressionnés

par le pouvoir de fascination du führer."

"Mein führer a voulu conquérir le monde,

mais le monde n'était pas prêt pour lui,

le peuple allemand non plus."


Tour à tour mondaine,

Hautaine ou lointaine,

Elle met mal à l'aise,

Entretient ce malaise.

Elle exprime le mal de vivre

Et, des douleurs, elle s'enivre.

Elle est fièrement l'incarnation du mal

Avec volupté et sans penser à mal.


Elle est futile

Et inutile.

A travers ses méandres

On tente de comprendre

Comment on a pu en arriver là

Sans que personne n'y mette le holà !

Puisse ce texte après réflexion

Servir à se remettre en question !


"La Banalité du Mal" ?

La banalité du mâle ...



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Le meilleur amant que tu aies eu ?, de Elie Sasson (27-03-2011) *


Ce soir, essayons l'Essaïon.


C'est Apollon et Vénus

Qui, avec des petits plus,

Se rencontrent sur la toile

Qui va relever le voile

Et montrer tous les défauts,

Démêler le vrai du faux.


Scènes de ménage

Qui déménagent.

Tout est prétexte,

Dans ce contexte,

A raconter

Et à compter

Les avatars,

Les canulars.

Drôle de duo,

Drôle de trio,

Qui cherche des explications

En ce beau théâtre Essaïon.


Essais d'effets dramatiques

Sur matelas pneumatique.

Dans une soirée sympathique,

Se délier les zygomatiques.


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Les Franglaises, par Les Tistics. Spectacle musical en V.F. (25-03-2011) **


A Daniel-Sorano

On fredonne tout haut

"Les Franglaises".

De l'anglaise

A la française,

On est à l'aise

Dans ce numéro

De mot à mot.

Du beau boulot !


Vive Les Tistics,

Ces drôles de loustics

Au corps élastique

Et à l'esprit caustique

Dans des textes critiques

Montrant le pathétique

Des traductions automatiques.


Quand, en anglo-saxon, tous on chante,

Sait-on vraiment ce qui nous enchante ?

Avec la traduction, on déchante,

Les paroles deviennent délirantes.


Tour de chant très humoristique,

Interprétation parodique.

Ces onze boute-en-train ont un grain de folie

Et ils bougent avec beaucoup de fantaisie.


Désacralisation des mythes

Qu'avec drôlerie ils imitent.

Ils dansent à contre-courant

Et se déhanchent tout en chantant.


Sous leurs airs de gentils collégiens

(Cravates noires

Sur hauts blancs,

Airs troublants

Sur bas noirs)

Leurs mimiques font rire de riens.

Ces douze excellents comédiens,

Dans une mise en scène explosive

Et des attitudes inventives,

Mettent le feu aux âmes en dérive.


Avec d'incroyables dégaines,

A chaque instant ils nous surprennent.

Leurs pantomimes ils enchaînent

Dans des postures qui déchaînent.


Avec un petit air démoniaque,

A tous, ils communiquent leur gnaque.

Les tubes vus de cette façon-là

Nous mettent tous en émoi, oh la la ...

Que ça ne s'arrête jamais,

ça, ce serait parfait !


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Le sondage, de Pierre Sauvil, (22-03-2011) *

Quand, à l'Aktéon,

ça ne tourne pas rond.

Accueil d'un inconnu,

Pour mieux se mettre à nu ...

Bienvenue au hasard,

Comme point de départ !


Dans une ambiance zen,

D'atmosphère sereine,

Ce comptable de profession,

Devenu sondeur d'opinion,

Va vivre un psychodrame

Orchestré comme un drame.


Ce très grand émotif

Va s'arracher les tifs

D'être terrorisé

Par ces forcenés

Qui ont pris l'habitude

De mener à la rude

Celui qui, à la porte, sonne.

Petit à petit, tout détonne.


On le fait entrer dans un jeu pervers

Dans lequel ce couple est très expert.

Détournement psychologique,

Traitement psychanalytique.


Pour une "soirée-crime"

Ils s'offrent un hôte en prime.

Pour nous, aucune déprime.

Notre plaisir on exprime.


Même si la fin on peut prévoir,

Et que le dénouement

Des mensonges nous ment,

Ce spectacle se laisse voir.


Bonne soirée

Assurée,

Vos complexes,

Assumez ...

Ou ressortez

Perplexes ...



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L'art d'être grand-père, d'après Georges et Victor Hugo (20-03-2011) **


Au Lucernaire,

Venez grands-pères

Vous complaire

Aux sons divers

Du piano-air.

Récits diserts,

Douce atmosphère !


Dans "l'art d'être grand-père",

L'acteur Albert Delpy

Se révèle, hors pair,

En excellent papy.


Prenant tous ses repères,

Héloïse Godet,

A son piano, altière,

Nous charme de couplets.


Jeanne, à sa joie, tout entière,

Dans un jeu juvénile,

Aucune parole ne perd,

De son papy, non sénile.


Duo de robe blanche

Et d'une barbe grise

Qui, chaque soir, nous grise

Et, notre soif, étanche.


Dans un joli décor,

Frais et multicolore,

Les poésies sonores

Nous interpellent encore.


D'un vaste hublot bleuté

Défilent des figurines

Tracées de façon divine

A coups de crayon feutré.


Le clapotis des vagues

Nous met du vague à l'âme.

Le cœur chaviré,

L'esprit chaloupé,

Emu jusques aux larmes,

Le public en réclame.

Il vogue sur ces vagues

Qu'il ne veut plus quitter

Et peine à se lever.

Il hésite à partir,

Souhaitant revenir.


Du bon Victor Hugo

Pour grands et plus petits,

De poésie épris.

Pour ces beaux vers exquis,

On peut leur dire : Bravo !



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Ces années-là : 1946 / 1960 , A Saint-Germain des prés, conçu et interprété par Dominique Conte. (20-03-2011) **


De Saint-Germain des prés, les vieux airs

Revivent ce soir au Lucernaire.

C'est sur Dominique Conte

Que tout le monde compte

Et sur ses trois partenaires

Qui nous apportent un bol d'air

En revisitant l'après-guerre.

Avec eux, on ne s'ennuie guère.


Pas seulement chanteuse,

Elle est surtout diseuse

Et nous laisse, rêveuse,

Un coin d'âme heureuse.


Le costume noir

Des années noires,

Elle s'épanche,

Jamais ne flanche.

Cravates noires

Sur chemises blanches,

Ils se penchent

Sur leurs espoirs

Ou désespoir.


Violon, guitare, percussions,

Nous procurent des sensations

Retrouvées avec émotion.

On pense à Juliette Gréco

A qui elle fait cadeau

De ses succès, tout de go.


Prévert et Vian sont à l'honneur

Sans oublier les vins d'honneur.

On rit et vibre avec langueur.

A consommer avec ardeur

Pour mieux sombrer dans le bonheur.


"Ces années-là à Saint-Germain des prés"

Ne laissent pas de place à l'à peu près.

Avec nostalgie on replonge auprès

De ce temps où "il n'y a plus d'après".

A revoir le spectacle, on est prêts !


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La cantatrice chauve, d'Eugène Ionesco (19-03-2011) *


A l'Aktéon théâtre,

C'est ce soir qu'on folâtre !


"La cantatrice chauve",

Toujours saine et sauve,

Elle n'est jamais morose.

D'elle, encore on cause,

Mais quelle en est la cause ?

Quand les banalités, en surdose,

Chez Ionesco, deviennent grandioses ...


Dans une ambiance totalement déjantée,

Sur fond d'angoisse rock, ils ont tous disjoncté.

Les corps effrayés, les yeux, de peur, injectés,

Le regard fou et flou, les yeux exorbités,

Tour à tour, ils se sentent pris et rejetés.


Dans un humour féroce,

Entre rires et larmes,

Cet étrange Ionesco

Nous défie et alarme

Par son côté atroce

Qui fausse tous les propos.


Au comble de l'horreur,

Portraits tout en noirceur

Auxquels on fait honneur,

Entre ivresse et bonheur.


Ils aiment toutes sortes d'armes

Et les brandissent avec charme

En parfaits gens d'armes

Que rien ne désarme.


Comique de répétition

Qui, sur des tons différents,

Nous donne le frisson.

Insolite et insolent,

Interprété avec passion,

C'est le théâtre de l'absurde.

Pensée déstructurée

Qui s'achève en baisers.


Eternel recommencement,

En changeant les personnages

Qui finissent tous en nage

Dans ce cercle vicieux aimant.


Quand cela semble morbide,

On se tape sur le bide.

De légèreté, avides,

Les rires comblent les vides.


"Le deuil lui va si bien" ...

Et tous vacillent bien !



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J'écrirai la paix sur vos ailes, de Victor Avron (19-02-2011) **


A l'Aktéon

On donne le ton,

Le ton de l'émotion

Et de la réflexion.


Mêlant passé et avenir

Que quatre enfants vont réunir,

Les marionnettes font surgir

Des confidences à blêmir.


Marionnettes au visage d'argile

Manipulées de façon très agile

Par trois jeunes comédiennes habiles.


Superbes marionnettes réalistes

Hautes de soixante-dix centimètres,

Très expressives, beau travail d'artiste

Pour deux autres qui font trois quart de mètre.

Quatre symboles plus ou moins optimistes

Qui vont des messages d'espoir nous transmettre.


Pantins aux corps et jambes en mousse rigide,

Bras en coton recouvert de tissu fluide,

Mains en bois qui, de l'Histoire, gomment les rides.


Décor de fin, stylisé, tout en finesse,

Comme une bobine de fil qu'on dévide.

Revenus des camps de concentration,

Les fantômes, qui descendent des trains,

Sont faits de fils de clôture blancs,

Décharnés, comme des barbelés.


Fil conducteur : la course avec vaillance,

Centrée sur le rythme tout en cadence

Où chaque enfant grandit dans l'urgence,

Vit et meurt dans bien trop d'indifférence.


C'est la course folle

D'un cœur en détresse

Qui s'emballe et s'affole

En pleine ivresse.


Hiroshima la bombe

C'est le cœur qui se plombe.

C'est la vie qu'on fauche en plein vol

Ou qui brise un espoir d'envol.


Très jolie image de lever de rideau :

Course effrénée d'une marionnette humaine,

Course réfrénée par la maladie de l'être

Qui va laisser une enfant sur le carreau.


Sadako, petite fille, joue à courir.

Hans, le petit garçon qui joue à faire mourir.

Margot, fillette juive, vit de souvenirs.

Trop jeune pour entrer dans l'armée française,

Bilel, garçonnet curieux, songe à l'avenir.


Sadako, la Japonaise, cherche à guérir.

Hans, le jeune Allemand, évite de périr.

D'origine polonaise et née Française,

Margot a rejeté son étoile à vomir.

Bilel, le Tunisien, ne pense qu'à partir.


Fraternité à travers le monde

Des enfants qui arrivent à se comprendre

Rien que par la transmission de pensée.

Ils communiquent d'un continent à l'autre

Par la langue universelle du cœur,

Petite voix qu'ils entendent dans leur tête

Et qui les hisse au-dessus des adultes.


Aux jeunesses hitlériennes Hans est enrôlé.

A singer les grands, peu à peu il perd pied.

Sadako, à l'âge de douze ans envolée,

Est enterrée avec mille oiseaux de papier.


Avant de s'effondrer,

Hans lâche avec humilité

Un rêve d'égalité

Envers toute l'humanité :

"J'espère qu'ils me laisseront le temps

De leur dire que ce n'était pas simple

De se battre sans comprendre."


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Rêverie ..., création de et avec Florencia Avila (19-02-2011) **

C'est à l'Aktéon

Qu'ainsi font, font, font

Les jolies marionnettes

Issues des maisonnettes.


Madame Flor

Sort du décor

Multicolore,

Plus beau que l'or,


Telle une Mary Poppins et son parapluie,

Surgis d'une maison de contes de fées,

Pour s'envoler gaiement au pays des rêves faits

Là où tout est toujours beau, même sous la pluie !


Univers chaud et très coloré.

Dans une ambiance de carnaval,

Entre jeu, danse et mime en-chanté,

Elle nous offre un vrai festival.


Sous le soleil de l'Argentine,

Entre deux doux airs d'opéra

Et de petits ballets, pas à pas,

Elle nous berce de comptines.


Florencia sait tout faire,

Elle a l'art de nous plaire.

Elle s'échappe de son cerveau pour

"Sauver les rêves de l'oubli."


Cette ancienne élève du mime Marceau

Peint elle-même ses magnifiques tableaux

Qui, sur grand écran, défilent en vidéo.

Pour ses décors et costumes, on lui dit Bravo !


Initiation à l'art du mime

Pour petits et grands qu'elle anime.

Jouer avec tous les obstacles

Pour rire en fin de spectacle.


Les petits sont alors éblouis

Et les plus grands repartent séduits.

C'est une bien jolie "Rêverie ..."

Qu'on nous propose avec poésie.


"Rêverie ..."

Rêve et ris !



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Madame Marguerite, de Roberto Athayde. (16-02-2011) ****


Au Guichet Montparnasse,

Jamais on ne se lasse.

Ecrite en pleine dictature militaire

Au Brésil, cette pièce fustige l'arbitraire.

Ecriture très directe et autoritaire

Pour mieux combattre ceux qui nous forcent à nous taire.

Texte extrêmement fort, riche, passionnant,

Foisonnant, d'une authentique véracité,

Tracé au scalpel et avec férocité,

Servi par une actrice au jeu bouleversant.

Texte puissant, drôle et irrésistible

Dont la terrible ascension comique

Perturbe et fait sauter les fusibles

Par des ruptures de tons cosmiques.

Du langage le plus châtié,

On glisse aux propos non châtrés

Qui refusent avec héroïsme

Ce qui fait accepter le despotisme.

La nouvelle maîtresse,

Madame Marguerite,

Du savoir la prêtresse,

A le plus grand mérite.

Afin de dénoncer la tyrannie,

Elle l'exerce sur les petites vies.

Pour affirmer sa toute puissance,

Son maître-mot est l'Obéissance !

Qui sont les plus méritants ?

Ceux qui sont obéissants !

"L'obéissance, c'est la reine de toutes les vertus."

"Sans discipline, il n'y a pas de progrès possible."

"Je commande, vous obéissez."

Sur toutes ces jeunes têtes,

Elle règne et tempête :

"Vous êtes obligés d'être là, que vous le vouliez ou non."

Elle s'approprie leurs âmes : "L'école, ce second foyer ..."

"Ici, entre ces quatre murs, vous n'avez aucun pouvoir,

c'est comme si vous n'existiez pas."

"Vous payez pour apprendre."

"Cela veut dire que vous ne connaissez rien du tout."

Quelques exemples de leçons

A suivre avec dévotion :

Cours de biologie :

"Il est de mon devoir de vous annoncer, en tant

qu'éducateur, que vous allez tous mourir." Et, pour

le prochain cours, "décrire son propre enterrement."

"La biologie, c'est la vie des autres.

La vie privée, c'est la médecine."

Cours d'histoire :

"Tout le monde veut être le maître."

"Les punitions seront toujours stimulantes."

"Enseigner pour apprendre, apprendre pour enseigner",

telle est la devise de Madame Marguerite qui entonne

l'hymne de la croisade de l'alphabétisation, sur l'air de

"Maréchal, nous voilà !"

Quand vient la récréation,

La sonnerie, c'est le clairon.

Aux jeux, c'est la substitution

Par deux minutes à pleins poumons

Du chant : "Maréchal, nous voilà !"

"Je vais vous faire chanter à coups de matraque."

"Je vais vous apprendre la biologie à coups de matraque."

"Je vais vous châtrer, tous, les uns après les autres."

"Vous mourrez tous sans rien dire."

"Dans la vie, personne n'a rien de particulier à dire."

"Madame Marguerite veut que vous soyez tous impuissants."

"Je chie sur ce que vous pensez."

C'est ainsi que Madame Marguerite enseigne la poésie.

Cours de mathématiques :

Appliqués tout au long de la vie,

Pour cruellement mourir d'envie.

"Diviser veut dire que chacun veut avoir plus que l'autre."

Car, l'égalité dans la division,

C'est l'inégalité dans la confusion

Où les premiers se servent

Et les suivants desservent.

"La bouche la plus habile va se retrouver avec huit ou neuf

concombres à elle seule. Une deuxième va en manger trois

ou quatre. Et les trente-trois autres vont rester la gueule

ouverte. C'est ce qu'on appelle la division."

"La division est appliquée dans tous les secteurs

de la société."

Au lycée, "les garçons bourgeonnent

et les filles commencent à se faire maltraiter."

"Dans ce monde, très peu de choses sont visibles."

C'est pourquoi il faut savoir lire couramment.

"Il faut alphabétiser pour s'alimenter."

"La coopération, c'est le secret de l'éducation."

Madame Marguerite est intemporelle.

Sur les enfants de dix ans elle étend ses ailes.

Elle les éduque avec beaucoup de zèle.

Elle se surpasse et les élève comme elle.

De générations en générations, les institutrices

s'appellent Madame Marguerite et les garçons

n'ont plus de nom.

Le Messie, Jésus et le Saint-Esprit ont déserté

les classes où un seul mot d'ordre règne :

Obéissance.

Obéissance sans sens,

Avec beaucoup ou sans sang,

Obéissance à contre sens.

Une seule règle : celle de fer,

qui ensanglante les doigts

et les postérieurs,

pour la postérité.

"Madame Marguerite veut vous voir choisir

le bon chemin."

"Madame Marguerite prévoit le bon chemin."

Hitler en jupon, elle est obsédée par l'ordre

et la discipline.

Qu'est-il arrivé à un élève puni

Par Madame Marguerite, du cours banni ?

Envoyé chez le directeur,

Pour passer un mauvais quart d'heure ?

Personne ne l'a jamais su,

Car nul n'est jamais revenu ...

On ne peut s'empêcher de penser

A Drancy, à Auschwitz, à ..., à ...

On ne peut que s'inquiéter

Face à tout ce brouhaha ...

La croix qu'elle a autour du cou,

Nous la supportons tous en nous

Pour avoir laissé s'installer

Les plus graves atrocités.

Quand Madame Marguerite vomit dans le bureau

du directeur, est-ce du dégoût de la boule puante

lancée par un élève de septième, souvenir d'un

gaz asphyxiant de guerre, ou bien est-ce de

mal absorption du régime totalitaire ?

Dans la classe de Sylvia Bruyant,

Nul n'a le droit d'être bruyant.

Les écoliers doivent tous se taire.

On obéit ou on se terre.

Bien qu'elle nous entraîne en enfer,

Son jeu est extraordinaire.

Sa brillante interprétation

Nous fait frémir avec passion,

Nous plonge au coeur des dictatures,

Dans un monde de flétrissures.

Traumatisée, torturée, perturbée,

Elle reporte sa souffrance

Sur les petites existences.

Et c'est en toute innocence

Qu'elle exerce son influence

Sur leurs années de prime enfance.

Avec la plus grande vigilance,

Elle les "prépare pour l'existence".

Madame Marguerite exerce sur nous

Une sorte de fascination qui tétanise,

Et fait accepter les crimes les plus fous,

Par un comportement qui paralyse.

Toutes les " Marguerite" du monde

Portent le même nom

Car tous les vils dictateurs immondes

Ne méritent qu'un seul NON !

"Les générations passeront mais

Madame Marguerite sera toujours là,

elle ne vous abandonnera jamais."

"Cherchez toujours à faire le bien,

c'est la seule chose qui apporte le bonheur."

Et Sylvia Bruyant nous fait l'honneur

De jouer pour notre grand bonheur.

Superbe et détonnant,

A voir absolument !



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Entre Ciel et Chair, d'après Une Passion, de Christiane Singer avec Christelle Willemez, (15-02-2011) *


C'est au Lucernaire,

"Entre Ciel et Chair",

Que Christiane Singer

Nous joue le grand air.


Sur l'air de la passion,

Héloïse la blanche

Vide avec émotion

Le carcan qui la tranche.


Sur plateau dépouillé,

Mise en scène épurée,

Leur vie s'est étirée

Comme aimants attirés.


Vêtue de clair obscur,

Baignée de démesure,

Dans sa robe de bure

Elle redevient pure.


Tout son être n'est que caresse,

Sous un jeu tendu de finesse.

Sa voix incarne ses prouesses

De souvenirs loin des tristesses

Qui mettent son âme en détresse

Et emplissent son cœur de liesse.


Héloïse, Abélard ...

Ressortis du placard !

La parole

Qui s'affole,

La gaudriole

Qui l'auréole,

Pleine de l'amour de sa vie,

Héloïse nous donne envie

De défricher ce haut constat de flamme,

De déchiffrer ce ô combat de femme,

De comprendre les tourments de son âme,

Sa lutte pour que vive sa passion

Malgré la patriarcale pression.

Coupable et victime de l'oppression,

De son amour, refuse la suppression.

A corps perdu, sa déchirure elle assume

Même si tout, dans son être, se consume.


Abélard n'est plus.

Par-delà sa mort,

Héloïse éperdue,

D'être, vibre encore !


Comme les cordes du violoncelle

Qui lie leur triste amour et le scelle,

Ou celles de la contrebasse

Qui unit leur amour qui ne passe !


Mille cent quarante-deux

Mille cent soixante-deux

Vingt ans de différence

Vingt ans de l'absence

Vain temps de croyance

Vingt ans d'offense

Vain temps de souffrance

Vingt ans de patience

Vain temps d'indifférence !


Terrible descente aux enfers

D'une Héloïse qui s'enferre

Dans ce grand amour qui les perd,

Castre l'un et voile l'affaire.


Lorsqu' Abélard n'a plus rien devant,

Pour Héloïse, c'est le couvent !

"J'ai causé son malheur, sa perte",

Pense Héloïse, en experte.

Ne serait-ce pas plutôt lui,

La vraie cause de ses ennuis ?


C'est cette passion millénaire,

Décrite dans les dictionnaires,

Qui se termine en mère abbesse

Sous le long voile qu'on abaisse

Quand sur elle le ciel s'affaisse.




Suivent au fil du texte

Quelques petits extraits

Qui servent de prétexte

A souligner quelques traits.


Héloïse, dévorée de la passion vouée

au vénérable père de la scolastique

Pierre Abélard, sombre dans l'abjection

sans aucune autre forme d'objection.

Est-ce cela que l'on appelle mourir de plaisir

que de se rendre, consciente, à l'abattoir ?

"Que de fois suis-je morte

sous les coups du boutoir."

"Je n'ai jamais rien appris sans que

les sens n'en soient mêlés."

"J'éclate de cette étreinte ... ma naissance."

"La voix du divin a passé par les entrailles."

"Je me suis fait violence pour te plaire."


Embrassements et embrasements d'une

violence inouïe, rarement décrits au

douzième siècle, surtout par une femme

qui, par définition, devait taire sa jouissance.

"Ton entrée intempestive en moi, le furieux

déferlement de mille vagues, les chevaux

fous lâchés dans un fracas d'écume."

"Tes dents me broient, ta langue ouvre

mes plaies ... Je me retrouve démâtée,

éparse au sol, toutes voiles déchirées ...

Mon sacre ... Je suis vide de toute pensée,

vide et présente sous la lame affûtée de

l'instant."


La femme n'existe-t-elle donc que par

la seule volonté de l'homme ?

"Je devins femme, ce corps où se répercute

chaque soupir de l'homme aimé."

"L'homme qui fut ma vie et mon destin."

Son tuteur, tueur de son esprit, décide

pour elle, "il eut préféré tuer sa nièce

aimée que de regarder en face ce qui

bouleversait sa vision du monde."


Elle renonce à sa propre personnalité

pour n'exister qu'à travers son amant.

"Plus j'étais transparente à ta lumière,

plus j'étais translucide à tes désirs,

plus j'existais." Dans un "état de

saisissement total", elle exultait.

"Dieu déborde" et la saborde.


Les amants, à jamais séparés,

Devront vivre reclus et cloîtrés.

"Je me laisse entraîner à contre-cœur."

"Tu m'enterres vivante et tu t-en vas ...

sourd à mes cris."

"En me délaissant, ce n'est pas seulement

à toi que tu m'arrachais, mais au monde."

"Je n'attends plus rien."

"Je n'ai plus rien à craindre ni à espérer."


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Les Prof son fatiguai, de Tom Delierville (13-02-2011) *


Au théâtre Darius Milhaud,

"Au lycée François Mitterand,

nous lavons notre linge sale en famille."


Entrée en matière fracassante

Sur mise en voix tonitruante

Qui bouge et libère avec ardeur

Les professeurs de leurs rancœurs.


Spectacle jubilatoire,

Caricature libératoire.

Lieux communs hors des tiroirs,

Tout y passe dans ce foutoir,

Les profs vont à l'abattoir.


Que ça nous plaise ou non,

On est obligé de suivre.

Vu le tintouin qu'ils font,

On reste à poursuivre

Leurs élucubrations

Qui toutes nous enivrent.


Ils se moquent d'eux-mêmes ;

Otages des élèves,

Qu'importe qu'on les aime ...

Le débat, qui l'élève ?


Ils s'en donnent à cœur joie

Tout en pétant les plombs.

Remettre sur la voie

Le lycée ? quel aplomb !


Pas le temps de s'ennuyer

Face à ces parodies

Qui permettent d'appliquer

Les règles des comédies.

Les profs devront s'expliquer

Dans leur enfer paradis.


En oubliant nos soucis,

On peut leur dire : Merci !


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Heureuse ?, conception et interprétation : Hélène Delavault, (11-02-2011) **


Le Lucernaire

Sort ses grands airs.


On retrouve avec grand plaisir

Une Hélène Delavault épanouie

Qui éveille en nous le vif désir

D'emplir, de sa belle voix, notre ouïe.


Spectacle racé et plein d'humour

Truffé de répliques bien senties

Qui libèrent la femme de l'amour

Subi, non librement consenti.


"Faut-il, pour vivre un rêve,

vivre celui d'un autre ?"

"En amour, il n'y a que le premier

faux-pas qui coûte."

"Le bonheur, ce n'est qu'une

question de point de vue."

"Le bonheur, c'est d'abord un devoir ! "


De, "Tu m'as possédée par surprise", en hors-d'œuvre,

Pour finir, jusqu'au bout, "Les fœtus", en dessert,

Avec maestria, tous les plats elle nous sert,

En les égratignant de manière exquise.


Petit bijou de libération

Qui nous réjouit et nous déride.

Magistrale interprétation

Fluide qui n'a pas pris une ride.


Elle transforme les chansons machistes

En un superbe écho féministe.

Par ses mimiques convaincantes

Elle se joue des hostiles bacchantes.


La dictature du machisme

Fait sortir de l'ombre la muse

Qui détourne le mâle égoïsme

Dont elle se moque et s'amuse.


En chahutant le patriarcat,

Qu'elle étudie au cas par cas,

Elle se rit, à ses dépens,

De tout ce qu'il nous défend.


Non seulement sublime cantatrice,

Elle est aussi une excellente actrice

Qui, avec un brin de malice,

Met les préjugés au supplice.


Hélène Dalavault émerveille,

Avec ses fins propos, notre oreille.


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L'or, d'après Blaise Cendrars, Théâtre Daniel-Sorano (12-01-2011) *


Par sa présence scénique indéniable,

par son jeu de conteur qui colle au texte

et à l'harmonica, Xavier Simonin a su nous

captiver et nous émouvoir. Son partenaire

compositeur, Jean-Jacques Milteau,

a de l'or dans les doigts et dans le souffle.


Quand le musical

Très original

Se mêle à l'oral,

Que l'un pour l'autre est fait,

Chaque son produit son effet

Et l'accord semble parfait.

Complicité inattendue,

Aux notes on est suspendu.

Duo insolite et surprenant

Qui rend le spectacle fascinant.


"La découverte de l'or m'a ruiné" ...

"Qui veut de l'or ? Qui veut de l'or ?"

Spectacle qu'on peut voir ... sans se ruiner !




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L'inattendu, de Fabrice Melquiot, Théâtre Les Déchargeurs (12-01-2011) *


Sur un plateau encombré de bouteilles, de flacons,

de flaques, elle s'avance telle une blanche Ophélie,

sur fond musical d'eau qui s'écoule, comme coule

la gnôle dans sa gorge. Puis, coule sa chanson :

"L'amour s'en va boire à l'aiguière du ciel ...

"La lune a les pieds dans les fers ...

"J'ai peur de ne pas avoir le temps de coudre

des arcs-en-ciel échevelés."


Brontis Jodorowski a su mettre harmonieusement

en images la poésie fluide du texte. Par sa mise

en scène animale, féline, toute en majestueuses

courbures, où chaque expression, chaque position

du corps, a sa signification, la comédienne,

Eléonor Agritt, fine liane qui vit et vibre au son

du fleuve qui lui a pris son amour, peut exprimer

toute la passion qui la dévore.


"Un an que le petit chou, le tigre, s'est noyé ...

"Un souvenir par flacon ..."

Comment vivre avec tout cela ?

Lentement, douloureusement, petit à petit,

elle va faire son deuil. Au bout de cinq ans

de manque, de manque de vie, de manque

d'envie, un autre amour va nettoyer son cœur

et la sortir de la solitude et de l'horreur.


Elle balaye enfin la misère âcre, la poussière

ocre du corps oublié, contour d'une forme fuyante.

Poussière dessinée au sol par le sable échappé

d'un flacon. Poussière qu'elle jette dans sa

valise, urne funéraire, pour enfin s'ouvrir à la vie,

à sa seconde vie.

Très belle image de fin,

Joli tableau pour effacer le défunt.



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Que deviennent les femmes ? : Modèles (05-01-2011) ****
Ecriture collective d'un "Bureau" à dix mains de femmes et fragments de six écrivains dont cinq femmes.


C'est au Nouveau théâtre de Montreuil

Qu'on se délecte avec orgueil

De l'apparition de ces "Modèles"

A leurs idéaux toujours fidèles.


Salle Maria Casarès

C'est là que le bât blesse.

Mise à nu en noblesse

Qui met le cœur en liesse.

Un jeu tout en finesse

Pour échapper à la détresse.


"Que deviennent les femmes ?"


Est-ce être infâme

Que refuser tout blâme

Pour suivre sa vraie trame

Pour Etre corps et âme

Se réaliser avec flamme

Enfin infiniment Femme ?


"Que deviennent les femmes ?"


Triptyque dont le premier volet

lève le voile de l'obscurantisme

à l'égard des femmes, objets d'obéissance,

objets de jouissance, objets de patience,

et ouvre la porte aux "Modèles"

sortis des vitrines d'exposition pour tenter

d'échapper à leur asservissement.


Comment sortir de ce formatage

d'un autre âge ? "Traditionnellement,

l'éducation des petites filles ne vise

qu'un seul objectif : en faire des femmes,

de bonnes épouses, de bonnes mères,

de bonnes ménagères. Tout ce qui n'a pas

trait à cet apprentissage, est considéré

comme jeu de garçons."


Le respect de la femme ne fait pas partie

des jeux de garçons. Ne pas franchir la

limite entre intérieur et extérieur.

La maison, c'est le domaine de la femme ;

La place, la vie publique, celui de l'homme.


Pour sortir de ce carcan, ce collectif féminin

nous entraîne dans une succession

de tranches de vie, toutes plus drôles

les unes que les autres. Témoignages

sculptés au couteau, justes, poignants,

mais jamais larmoyants, emprunts

d'un humour mordant et féroce.

Ecriture simple, directe, incisive,

sur le fil du rasoir et qui nous tient

en haleine, d'un bout à l'autre.

Humour cinglant, décapant et surtout

salutaire. Texte très riche, dense, passionnant,

foisonnant, profond, qui cible toutes les failles

et scalpe les dégâts.


Spectacle complet, multiforme, à la

scénographie impeccable. L'écran,

sur lequel défilent les entrevues

filmées en direct, les scènes champêtres

et les discours féministes, permet la

distanciation. Adéquation totale entre

mise en scène, occupation de l'espace

par des mannequins de prêt-à-porter,

corps de femmes figé(e)s prêt(e)s à supporter ;

osmose entre décors, costumes,

musique originale, chants et jeu des quatre

talentueuses actrices qui, lorsque la musique

surgit de toutes parts, s'approprient tout

l'espace. Le défilé de ces femmes, très

différentes, incarnant les divers aspects

du rôle féminin, empêche toute monotonie

et répétition. Du grand art !


Des petits clins d'œil aux contes de notre

enfance dédramatisent les situations et

nous emplissent de gaieté, comme la

ménagère, sorcière, qui s'éloigne sur son

balai, telle une cendrillon mécanique au

visage masqué, ayant perdu une chaussure...

rouge sang !


"J'étais une femme et, comme telle, je

devais subir le sang et fermer ma gueule."

On ne ressort pas indemne face à ce

plaidoyer pour les femmes, pour que

simplement elles puissent exister en tant que

femmes et non en sous-produit de l'homme.

On en ressort grandi et ouvert à la réflexion.


Pour m'en sortir : "Je réécris ma vie", dit l'une

d'elles. Comment faire face à cette "douleur

d'être femme, douleur dans l'acte sexuel" ?

"Nous sommes du sexe de la peur."

"Ils ne s'identifient pas comme violeurs, pour

eux c'est autre chose, ils appellent ça autre

chose. Dans la plupart des cas, le violeur

s'arrange avec sa conscience."

"Les petites filles sont dressées pour ne pas

faire de mal aux hommes."

"Viol ... circonstance politique, quelque chose

d'obsédant ... on doit faire avec."

"Le viol est fondateur de ce que je suis.

Il m'est impossible d'en finir !"


"C'est le système qui est à repenser !"

Inconsciemment, et ce dès la prime

enfance, les petites filles sont orientées

"pour ce vers quoi elles se croient faites."

"Elles collaborent à travers leur corps et

en viennent inconsciemment à se

considérer comme des objets, des

produits esthétiques."

Dès les manuels scolaires, elles n'existent

qu'en comparaison des garçons.

D'où leur révolte : "Je ne veux pas être

une fille, je ne peux pas être un garçon,

en attendant, je suis rien ... Je veux

pouvoir me dire je suis forte comme

un garçon, je suis courageuse comme

un garçon ... courir comme un garçon."

"Petite fille, je me suis réécrite pour

être garçon." Et c'est au travers d'une

course effrénée que la transformation

s'effectue. La comédienne, émouvante

Marie Nicolle, dans une course folle,

mais sur place, par le langage vestimentaire,

troque ses oripeaux de fille pour revêtir

l'apparence de l'autre sexe, celui qui doit

plaire, notamment au père.


On assiste à une incroyable caricature

de la femme au foyer, femme accomplie

dans tous les domaines, faisant tout

et plus encore, présente sur tous les

fronts, dévouée à sa maison, à son poupon,

au père de son rejeton et à son patron.

Superbe accélération dans toutes ses

fonctions où ses membres s'allongent

en irrésistibles tentacules pour tout

capter en même temps,

jusqu'à l'épuisement.

On en rit énormément

pour n'en pas pleurer abondamment.

Formidablement interprété par

Laure Calamy, calamité pour les

idées préconçues. Laure, c'est l'or

qui enflamme la scène, qu'elle soit

en petite danseuse ultra-féminine

ou en harpie qui utilise tous les

registres de jeux et explore toutes

les possibilités vocales.


Femme-poupée qui, un à un, enfile

tous les vêtements qu'on lui lance

du haut d'un balcon, comme à une

lépreuse couvrant ses difformités.

Scène d'autant plus intense qu'elle

est muette et noyée de silence.


De ce silence, comme une déflagration,

éclate une projection de mannequins

féminins qui se brisent au sol, provoquant

une expulsion des tensions des quatre corps

des femmes-comédiennes qui se livrent

alors à une danse frénétique et désarticulée.


Quand certains hommes pensent que

"un métier qui se féminise, c'est un métier

en voie de disparition", on comprend mieux

que le spectacle s'achève sur ces mots :

"Je vais vous dire quelque que je n'ai pas

pu dire avant, car je ne savais pas ce que

ça voulait dire : je suis féministe."

C'est dit ; et dit de façon très émouvante,

couronné par un roulement des quatre

tambours de ces quatre filles enfin

libérées du docteur March tout droit.

Dans un déferlement de sons frappés des

baguettes magiques et non plus de la main

de l'homme, levée et abattue sur les femmes

battues, les grosses caisses résonnent

sous un tonnerre d'applaudissements.


Courez vite découvrir ce spectacle qui

donne à penser qu'une lueur d'espoir

féministe subsiste encore !

A voir absolument,

tous nos sens en alerte

devant leur jeu alerte.

C'est un éblouissement !


b.c.lerideaurouge

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J'ai trop trimé, paroles de femmes, recueil de témoignages (13-12-2010) ****


Quand le Lavoir Moderne Parisien

s'engage dans la défense des femmes

et de leurs droits au travail,

il s'y adonne corps et âme,

nous livrant de poignants témoignages

taillés dans le vif,

coupés au couteau,

ajustés avec précision,

cousus de fil rouge,

en équilibre précaire

sur une cordelette tendue d'humour.


Costumée de souffrances,

habillée d'injustices,

la dure vie de ces cinq parcours

de femmes qui courent

pour simplement exister dans la dignité,

ne laisse pas indifférent.

Tout sonne juste, et la pointeuse,

et les mots pour exprimer les maux.

Malgré les quelques longueurs de fil

qui cassent un peu le premier récit

sorti de l'ombre, on est vite pris

par l'intérêt des propos et les

réflexions justes et percutantes.

Fil conducteur,

de la laine rouge

crochetée par la couturière,

aux ligaments rouges qui serviront

de ligature à la tapissière,

en passant par les lignes,

illuminées ou éteintes, tendues au sol.

Fil conducteur de la mise à terre

de la condition féminine

et de sa lutte simple pour trouver sa place.


"Petite fille déjà ils avaient décidé à ma place."

Courbée sur son ventre, elle ne se redresse

que lorsqu'elle parle de l'apprentissage

de la lecture et de l'écriture.


Filles, femmes, pressées, écorchées,

comment vous relever

et sortir du carcan ?

Tout simplement ...

grâce à ce laboratoire de réflexion

mis en place par Nadine Jasmin,

Nadine Darmon et Stella Serfaty.


b.c.lerideaurouge

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Apple Crumble de Camille Brunel et Maxime Potherat (11-12-2010) *

C'est au Lucernaire

Qu'on vient satisfaire

Une envie culinaire.


La physique des quantiques

Au service du domestique.


Quand physique nucléaire

Rejoint art culinaire ...


Pendant que le crumble mijote,

Gaiement sa boisson elle sirote.


De l'âme Apple explore les travers

Et nous invite dans son univers.


Au spectacle spirituel

Se joint le côté substantiel.


Un frisson de plaisir

Qui attise le désir.


Une originale conception

En attente de dégustation.


Savourez ce spectacle truculent

Et partagez son crumble succulent !


b.c.lerideaurouge

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Dialogue avec mon jardinier, de Henri Cueco (26-11-2010) **

Venez à l'Aktéon,

Ce n'est pas du bidon !


Dans un décor minimaliste,

On vit l'échange intimiste,

Emprunt de spontanéité,

Entre le peintre et le jardinier.


La force du texte réside

Dans sa simplicité,

La scène presque vide

Fait place à la sensibilité.


Ainsi sur le plateau

On croit voir le tableau.

Tout est dans le pouvoir

De la suggestion

Pour nous faire avoir

Un peu plus d'émotion.

Un écrit qui ne se prend pas au sérieux

Et qui réveille notre esprit curieux.


Echange réaliste

Pour un jeu naturel

Comme deux équilibristes

Se mirant dans le ciel.

Chacun des deux raisonne

Avec son vocabulaire ;

Avec rythme ils entonnent

Un dialogue qui ne peut que plaire.


A partir de réflexions faciles à comprendre,

Mais criantes de vérité à s'y méprendre,

On se croirait avec eux dans ces jardins

Et non plus au théâtre sur des gradins.

Leur dialogue paraît se créer devant nous,

Comme de l'eau de roche, limpide en tout.

Ces phrases qui nous semblent familières

S'écoulent en source de lumière.

Ils parlent avec leurs tripes et leur cœur,

Les écouter, c'est un vrai bonheur !

C'est du vécu plus vrai que nature,

Avec eux on plonge dans la culture.


Si, pour le jardinier :

"C'qui est beau, c'est c'qui fait plaisir à voir"

"Moi, mon crayon, c'est le manche de mes outils",

pour le peintre, c'est quand :

"Certains récoltent des idées nouvelles

avec des mots ordinaires"

"Les mots sont les mêmes,

mais le contexte est différent.

Par exemple, une salade,

pour le jardinier c'est le fruit de son travail,

mais, pour le peintre,

une salade c'est la pagaille ! "


En philosophes, ils se posent des questions

Et nous, on prend part à leurs réflexions.


Dialogue de philosophes,

Entre celui qui crée la vie,

Dans son jardin,

Et celui qui crée le rêve,

Dans ses tableaux.


Tous deux s'émerveillent

De couleurs sans pareille

Qu'ils font naître sous nos yeux

Et c'est en toute simplicité

Qu'un sujet peut être éludé :

"On n'est pas obligé d'en parler,"

précise le peintre pour qui

"vieillir, c'est quand l'envie perd de sa force."

Quand le jardinier se souvient de son enfance,

C'est pour se remémorer en toute innocence :

"La neige, c'était le bon dieu qui plume les oies."


Je me sentais tellement proche du texte

que j'avais l'impression d'avoir ce jardinier

dans mon potager, en train de me faire

découvrir les merveilles que j'avais depuis

toujours sous les yeux sans les avoir jamais

vraiment remarquées.


Si éloignés, de par leur origine et leur vécu,

le peintre et le jardinier sont faits pour s'entendre,

car branchés sur la même longueur d'ondes,

les ondes de l'art, celles qui font vibrer

le pinceau ou la bêche

et procurent le plaisir de la création.


b.c.lerideaurouge

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Chères amies, de Marie-Isabelle Massot (22-11-2010) *

Au Funambule,

Ce soir on bulle.

C'est dans un décor printanier et champêtre

Que nos grands principes elles envoient paître.

Trois quadras nous invitent à leur virée entre femmes,

Loin des enfants, maris ou amants, mais avec flamme.

Par leur absence ils brillent, avec ou sans éthique,

Dans cette comédie légère et sympathique.

Avec un franc-parler, sans détour,

Elles nous font partager leurs discours.

Par un langage sans ambages ni verbiage

Elles parlent de leurs problèmes et de leur âge.

Tous les thèmes sont abordés

Dans des propos non sabordés.

Si, comme cadeau d'anniversaire,

Elles s'offrent un psychodrame

D'où fusent vannes et blâmes,

Entre leurs rires et leurs larmes,

Elles font tout pour ne pas nous déplaire.

Sans tabous, ni complexes,

Elles parlent de seins et de fesses,

S'envoient en l'air sans demander la lune.

Elles s'attardent sur le cancer de l'une

Et bavardent sur les déboires qui stressent.

Meurtrissures et déchirures passent à confesse.

S'il y a à manger, il y a surtout à boire

Et, sans flipper, c'est une pièce que l'on peut voir.


b.c.lerideaurouge

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L'oiseau bleu de Maurice Maeterlinck, (21-11-2010) **


A l'espace Paris-Plaine,

La féerie est reine,

Allons-y sans perdre haleine.

Les notes du piano s'égrènent sur le cœur

des enfants pauvres, privés de Noël.

Ne pouvant vivre une vie de rêve,

ils rêvent leur vie.

En imaginaire,

On peut tout faire ...

"Est-ce qu'on peut se lever ?"

"Bien sûr, puisqu'il n'y a personne !"

Subtiles nuances, entre

permis / défendu, défendu /permis,

que les enfants vont découvrir.

Grâce à la fée, tout s'éclaire

Quand vient la reine lumière.

Décors sur un plateau tournant

Pour parcourir le monde en courant.

Retour au pays des souvenirs

Pour, le futur, mieux découvrir.

A la quête de l'oiseau bleu,

Beau comme un phénix miraculeux,

Pour guérir les enfants malheureux.

"Chaque fois que vous pensez à nous,

nous nous réveillons",

disent les aïeuls, en songe, visités.

"Une pensée des vivants nous réveille."

Nombreux décors sur des roulettes,

Astucieusement réalisés,

Pour chaque étape de la conquête,

Très habilement disposés.

S'opposent, au jour la nuit,

Blanche candeur et noirceur,

Reine lumière et mère nuit,

D'où jailliront douces vapeurs.

Grand choix de costumes colorés

Pour éviter de nous ennuyer.

Pluie de plumes et de pétales,

Fabuleux buffet à l'étal.

Jolis plats en marionnettes

Et merveilleuses sucettes,

Pour notre plus grand régal.

Au jardin des bonheurs,

La robe de la défunte mère

Est faite de baisers

Et chaque souvenir

L'allège d'une année.

Puis, incursion au royaume

de l'avenir, au pays des enfants

qui ne sont pas encore nés.

Après un détour au pays

du silence des choses,

pour y déposer la reine lumière,

les enfants retrouvent

leur chambre et leur mère.

Rayonnants de bonheur,

malgré le départ de l'oiseau bleu.

Tout se termine dans la joie et la bonne humeur,

Noël pourra venir pour leur plus grand bonheur !



b.c.lerideaurouge

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Je ne suis pas ta chose, autour des textes de Julien Daillère, (20-11-2010) **


Du grenier de la petite Océane, surgissent

quelques notes de guitare. Grenier aux mystères,

grenier où tout éclot, grenier où tout est clos.

C'est au théâtre Daniel-Sorano.


Préparatifs du grand départ d'Océane vers la

neige, avec son père et sa mère, en route pour

croiser la demeure de la grand-mère paternelle.


Tout comme la vie de cette famille, les structures

sont à la fois bancales et solidement ancrées dans

la mémoire, tout en étant légères et repositionnables.

Belles et intéressantes, faites de creux, de vides,

sans portes ni étagères, on voit au travers de tout.

Ces constructions aériennes, figures de géométrie

dans l'espace, droites qui se cherchent sans

s'atteindre, à la limite de la rupture d'équilibre,

dévoilent tout. On tourne et retourne les structures

imaginatives pour les transformer et, avec grand art,

une valise peut devenir voiture puis placard.

Quand le téléphone remplace la communication

directe, il est constitué d'un imbroglio de câbles

s'étirant tous azimuts.


Dans cet appartement grenier, il y a beaucoup

de choses et toutes les choses se bousculent et

basculent. Entre des êtres choses et être chose

il y a tout un univers à la fois uni et coloré.

Projetés en feu d'artifice, des vêtements

linéaires, que l'on ne peut enfiler, sans

volume ni épaisseur, traversent l'espace.

Chaque vêtement a un ton uni qui flashe et

tous ont une couleur différente. Ils rappellent

les découpages en feutrine que les enfants

collent pour habiller leurs figurines de papier.

C'est magnifique à regarder, on a l'impression

de vivre les images animées échappées

d'une bande dessinée multicolore.


D'expressifs demi-masques, en creux ou

en relief, pour figurer les joues, évoquent

les personnages de films d'animation.

Dans une mise en scène graphique et

saccadée, très originale, ils gesticulent

comme des pantins qui se désarticulent au

fur et à mesure que croissent les problèmes.

La chose que l'on se dispute et qui fait dispute

est une robe jaune bouton d'or trop légère

pour cette atmosphère hivernale.


C'est elle qui déclenchera

Le Premier affrontement fusionnel (mère/enfant),

Entre la mère et sa fille se drapant d'une

superbe étoffe, s'y débattant, tel un dragon

qui se déchire et se mord la queue. Bête onirique

à deux têtes qui s'élève et d'où elles ressortiront,

ivres de fatigue, à l'arrivée du père qui stoppe tout.


Ce père, mari et fils castrateur, qui entraîne sa

propre mère dans une figure onirique pour

La Deuxième confrontation originelle (mère/enfant),

Entre la grand-mère et son fils. Plante fragile faite

de coraux blancs cherchant à émerger, longs

filaments qui se mêlent et s'entremêlent dans le noir,

comme les relations mère/fils.


Tout s'achèvera dans un combat final,

La Troisième lutte éternelle (les parents),

Entre le fils et sa femme, (mère/père ou mari/femme).

Déchirements intérieurs figurés par la déchirure

des vêtements, le couple se déchirant sous forme

d'oiseaux qui se déplument.


Affrontement fusionnel

Entre la mère et sa fille

Confrontation originelle

Entre la grand-mère et son fils

Lutte éternelle

Entre le fils et sa femme


dont l'enjeu est encore la belle-mère,

mais cette fois-ci, soutenue, défendue

par la belle-fille, contre ce propre fils,

en dehors de tout, au-delà de tout

et qui n'a rien compris du tout

au mal être d'une mère.


Fusion par les femmes, en pensée tout au moins,

effusion lointaine belle-mère/belle-fille,

dans un parcours de réflexion naturelle

où se mêlent visions surnaturelles et charnelles,

sensuelles et irréelles.


A voir pour les décors mouvants

Aux délicats déplacements

Et la jolie gestuelle

De l'expression corporelle.



b.c.lerideaurouge

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L'Augmentation, de Georges Perec, mise en scène par Marie Martin-Guyonnet (19-11-2010) ***


C'est au Guichet Montparnasse

Qu'avec joie on se prélasse !

A partir d'un concept simple, comment

tenter d'obtenir une augmentation de

salaire auprès de son chef de service

(et non pas de sévices), Georges Perec

nous entraîne dans un joyeux labyrinthe

de suggestions kafkaïennes.

Toutes les hypothèses, une à une, envisagées,

les structures du langage explorées,

plongeons dans l'univers tentaculaire

de l'entreprise, organisation, consortium,

société, trust et, pour finir, famille !

A partir d'une construction hiérarchisée,

schématisée et amplifiée au fur et à

mesure que la demande devient

pressante, nous assistons à une

montée en puissance du texte,

avec un effet boule de neige

qui engloutit tout sur son passage.

On est pris dans l'engrenage

et on s'y plaît davantage.

D'entrée de jeu, l'employé avance

et se tourne mécaniquement, sur

un rythme de frappe de machine

à écrire. Les pulsions du texte

sont entrecoupées par les très

agréables vocalises de Yolande,

scandées à la façon de comptines.

Comique de répétition, en boucle,

phrases reprises avec brio par les

trois acteurs, sur des tons différents.

On tourne en rond, on contourne

le cercle des propositions mais

avec un vocabulaire différent et

croissant, tout en approfondissement.

C'est la réflexion mise en équation.

L'énumération des maladies

galopantes guettant les enfants de

l'employé est particulièrement drôle.

Très jolie mise en scène bien

cadrée, comme sur du papier

millimétré, avec un assortiment

d'incroyables mimiques mécanisées

et orchestrées comme dans un ballet.

Spectacle fort réjouissant grâce à

l'excellent jeu d'un brillant trio en

pleine forme qui met le texte en valeur.

Magistrale leçon de théâtre,

Interprétation superbe et folâtre.


b.c.lerideaurouge

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L'incruste ... Fallait pas l'inviter !, de Mickaël Verdier (19-11-2010) **

Au Guichet Montparnasse

Ce soir on se surpasse.


Si l'incruste, au début, lui est sympathique parce

qu'il la flatte, "tout flatteur vit aux dépens de celui

qui l'écoute", il devient vite un sujet de discorde,

encombrant et empoisonnant leur vie.


Patrick attend son poste de chef comptable,

pensant qu'en acceptant d'héberger Alexandre,

le neveu de son patron, il l'obtiendra plus facilement.

Or Alexandre, comédien de son état et incruste par

vocation, se sert de la crédulité de ce couple de

pigeons et lui fait avaler des couleuvres pour mieux

le plumer, allant même jusqu'à faire virer Patrick de

son boulot. Mais les tourtereaux n'ont pas dit leur

dernier mot ! Plumera bien qui plumera le dernier ...


Haute en couleurs et pleine d'agréables

rebondissements, cette comédie sympathique

et enjouée est très bien interprétée.


Venez vous amuser sans manières

En compagnie de La Pépinière.


b.c.lerideaurouge

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J'ai la femme dans le sang, d'après Les farces conjugales de Feydeau (18-11-10) **


Au nouveau théâtre de Montreuil

On assiste sans trop d'écueil

A un harmonieux mélange

De quatre pièces tronquées,

De Feydeau, truquées et troquées,

Où Bébé n'est pas un ange.

Textes un peu chahutés

Mais finement chapeautés.

Un court extrait du "Dindon"

Présenté de deux façons.

Dans la foulée, on se lance

Avec "Léonie est en avance".

Elle va mettre au monde Bébé,

Grandi dans "On purge bébé".

Avec "Mais n'te promène donc pas toute nue",

On découvre des vérités mises à nu.

Dans ce remaniement circonstanciel

Les décors grimpent vers le ciel

Ainsi qu'un acteur visuel

A la recherche de l'essentiel.


Décors transformables,

Ajustés et ajustables,

Qui roulent sur le plateau

Pour se reformer aussitôt.


Panneaux translucides

Laissant passer les liquides

Et la lumière narquoise

Sur les ombres chinoises,

Jolies et très fluides.

Les scènes s'enchaînent

Sur une trame qui déchaîne.

Fil conducteur en pot de chambre

Qu'on se repasse de chambre en chambre

Ainsi qu'un sot seau que l'on chambre.

Elle ne pense qu'à son bébé,

Il ne pense qu'à son dîner.

Elle est dans les souffrances

Et lui, dans les jouissances.

Pour elle, tout est endurance,

Pour lui, tout est réjouissance.


A peine sorti de l'enfance,

A corps perdu dans les sens,

Pour retrouver son essence

Et célébrer sa naissance,

Un Feydeau plein de sens,

Beau travail qu'on encense.

b.c.lerideaurouge

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Les habits neufs de l'Empereur, d'après Andersen (17-11-2010) ***


Au Lucernaire,

de quoi l'empereur a-t-il l'air ?

Adaptation fort sympathique

de ce conte d'Andersen

sur la vanité d'un empereur

qui, cette devise, a fait sienne :

"L'habit ... fait ... le moine".

Une belle réussite pour plaire à

tous les enfants, petits et grands.

Au royaume du factice,

l'empereur est roi.

Rien n'est trop beau

pour flatter la vanité

d'un tyran égoïste et sot,

soutenu, encouragé par

des courtisans pleutres,

ministres veules et

dépourvus de volonté,

mais regorgeant

de flagornerie.

Le bien du peuple,

Nul n'en a cure ;

Lever des impôts,

Pourvu que cela dure !

Seule l'apparence compte ;

L'empereur apparaît dans ce conte

Revêtu d'apparat de mille comtes.

Un unique sujet de préoccupation :

Une garde-robe renouvelée avec dévotion.

Rien d'autre n'attise sa passion,

Si ce n'est l'oppression.

Pour le peuple affamé, c'est la diète,

Disette sans dînette.

Pour l'empereur en plein délire,

Entouré de ses cousettes,

C'est tenues d'or, sans rire,

Et splendeurs, pour le pire.

Qui sont les "piètres marionnettes ?

Les sujets assujettis,

ou le tyran dont on ne tire rien ?

Pouvoir de l'image,

Impact sur l'entourage ;

Ecran total entre l'empereur

Et le reste des demeures.

Ecran de cinéma sur lequel

défilent les habits de l'empereur,

habits dénués de corps,

seulement habités de la présence

invisible de l'empereur.


T V Empereur 5 ?

Une unique chaîne de télévision,

rien que pour vanter les

costumes d'apparat qui

balayent tout sur leur passage :

budget de l'éducation

réduit à zéro,

fermetures d'usines,

grèves, revendications.

Plus rien n'a d'importance,

hormis la garde-robe

en abondance.

On le pousse,

sur son trône à roulettes,

cet empereur d'opérettes,

sur fond d'agréables musiques

joliment chantées.


Excellent jeu de la porte-parole

qui, comme une journaliste-star

de la mode, égérie de la haute

couture, commente les tenues

vestimentaires de l'empereur.

Servile et serviable on se doit d'être,

Sans penser à son propre bien-être.

"On ne se moque pas de l'empereur

et de ses habits !"

"Qui a du neuf pour l'empereur ?"

Par vengeance, un sujet écarté,

bien que boulanger et maçon

(car ni le pain ni les maisons

ne sont utiles dans ce royaume

despotique) propose de

"tisser la plus belle étoffe

du monde". "Tissu, invisible

pour les sots, les incapables,

les incompétents et les

imposteurs" ; ouvrage

capable de satisfaire

les caprices de l'empereur,

caprices de dictateur :

"Je le veux, je le veux, je le veux !"

On tisse des courants d'air,

ce qui s'appelle brasser du vent.

Sur l'écran de notre imagination,

les machines à coudre

tournent à vide, sans rien

ni personne pour les activer.

Le mètre de couturière et les

ciseaux se baladent tous seuls

dans cette scénographie et

mise en scène réjouissantes.

Volez à leur secours et courrez

revisiter ce conte, intelligent et

réactualisé, qui permet aux

enfants de réagir, réfléchir et

rebondir à tout moment.

En belle moralité, le faux

tisserand jette au peuple l'or

versé pour son chef-d'œuvre

fantôme, lui qui ne réclamait

"que du travail honnête" !

In fine, la situation s'est

habilement retournée

contre ce pantin déshabillé,

mégalomane sans âme.


Si, au début, on assiste au

défilé des habits de l'empereur,

à la fin, on assiste au défilé

de l'empereur sans habits ...


b.c.lerideaurouge

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Francesco de Dario Fo (17-11-2010), Traduction de Valeria Tasca, Mise en scène de Stephane Aucante ***


Gilbert Ponté, seul en scène dans un seul en cène.

Au Lucernaire, au poulailler ou au Paradis, on est

tout de suite dans le bain. Sur une terrasse à l'italienne,

c'est jour de grande lessive... On y accroche le linge

sorti des lessiveuses à l'ancienne et les vêtements

qui servent à incarner une femme ou le pape Innocent...

comme il se doit. Sous les doigts agiles de Gilbert Ponté,

les habits deviennent vivants, prennent forme sans quitter

leur cintre et s'animent dans les cintres.

Pour l'acteur, le chianti c'est la musique de son cœur,

le moteur de ce fabuleux conteur qui nous sert à la bonne

franquette le texte très drôle de Dario Fo. On se régale

devant ce festin de joie de vivre. Spectacle généreux,

servi par un troubadour, réjoui et réjouissant, qui rebondit

comme les balles du jongleur de Dieu jouant avec les

cieux, doué d'une excellente élocution pleine de passion.

Et c'est pour notre plus grand bonheur qu'il nous invite à

partager l'ivresse de sa joie si communicative. Des bons

mots il en a plein la bouche, de son jeu on en a plein les

yeux. Il est partout à la foi(s), avec des mimiques de

commedia dell' arte. Il est tous les personnages à la foi(s),

avec une voix différente pour chacun, et nous les rend

attachants, humains comme animaux.

Cette "véritable vie di Santo Francesco d'Assise" repose sur

de solides assises et nous présente une vie de Jésus

particulièrement réussie, truculente à souhait et pleine

d'humour. "Le seul responsable c'est la nature" et peut-être

Francesco, sauveur de l'humanité, héros du récit mythique

et authentique, biblique et sympathique.

A travers le superbe texte alerte et simple de Dario Fo,

on rencontre un peu de "La ferme des animaux" d'Orwell

avec ses cochons, un peu des "Fables" de La Fontaine

et son bestiaire, le tout constituant un excellent repas

de fête à se mettre sous la dent, la nôtre, celle du chien

ou du loup.

Au centre de l'action, le comédien nous apostrophe,

en italien, en français. Il harangue la foule comme une

bête de foire, en véritable bête de scène. "Il faut parler

avec les oiseaux" nous dit l'acteur qui, dans un élan de

poésie, les accroche au-dessus d'un seul drap blanc,

linceul de fraîcheur. Texte emprunt de sobriété et de

sensibilité qui, sur une musique douce, chante à nos

oreilles.

Spectacle à boire et à manger des yeux ; à voir et à

vivre en toute simplicité, mais sans modération,

pour cette superbe interprétation !

b.c.lerideaurouge

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Paroles affolées, (13-11-2010) Création de Sophie Mourousi ***


Sophie Mourousi, jeune créatrice, met en scène

l'œuvre issue des talents conjugués de Mathilde

Lecarpentier, de Julien Varin et d'elle-même.

Trio uni dans cet affolement de paroles qui se

structurent et se déstructurent autour du langage

amoureux, construction réalisée à partir

d'improvisations orales, musicales, vocales, bien

rythmées, martelées en cadence, sans défaillance.

"Paroles affolées", comme les corps s'affolent dans

un tango lancinant sur fond noir de discothèque

désertée ou de parking délabré, où seules quatre

chaises noires, accouplées, délimitent le vaste

espace du théâtre de l'étoile du nord.

Ce texte est une mise en garde contre les clichés

de comportements frivoles qui peuvent entraîner

d'irréparables conséquences, mais digéré et

rédigé d'une écriture légère et directe.


L'horreur est tournée en dérision avec un

pathétique sobre et percutant, soutenu par une

gestuelle ultra étudiée où chaque geste est à

sa place, criant de vérité.


Pièce jouée essentiellement sous forme

d'expression corporelle où chaque mouvement

a sa raison d'être, où chaque mimique a sa

signification et enrichit le texte, distorsion

après contorsion, contorsion après distorsion.

Jeu fait de ruptures de tons, de ruptures de sens,

à découvrir dans tous les sens. Ça bouge, ça vit,

ça vibre, ça crie, ça parle, ça nous parle ! même si :

"parler, ce n'est pas communiquer, parler, c'est ...

Je sais pas ... Eh ben, quand tu sais pas,

tu fermes ta gueule ! "


Et c'est encore la femme blessée qui demande

pardon ... Pardon de quoi, d'exister ?

de fouler une "terre brûlée" ?

"Je rêve alors d'une séduction bouche cousue."

"Je rêve, en somme, d'une histoire sans parole."

Est-ce le rêve de l'aliénation par la réduction,

réduction du temps de parole, réduction de tête ?

Pas de place pour les femmes de tête

qui à leur com-pagnon, tiennent tête !

"On bande les yeux d'un condamné."

"On achève un cheval blessé."

"Par amour ou par pitié."

"Aimer, c'est ce qu'il y a de plus beau,

Aimer, c'est monter plus haut ! "


Le comique vient de la juxtaposition

d'innombrables proverbes jetés pêle-mêle,

à cor et à cri, sur des tons différents.

Un tourbillon de lieux communs, surgis

du comique de situation et de quiproquos

à propos, achève de nous faire rire.

Quand la tension devient trop forte,

des passages chantés font diversion

et ôtent tout ennui. Spectacle fait

d'inattendus, de temps décalés,

et entrecoupé de chansons théâtralisées.


La dernière partie va crescendo pour se

transformer en course folle, apothéose

de la séduction ratée ou réussie.

Il tourne autour d'elle en se déshabillant,

il court à tire-d'aile en décrivant

de grands cercles dans l'arène de sa reine,

tel un cheval caracolant autour de sa proie

qui trépigne d'impatience ou de souffrance.

Accélération sur une musique entraînante,

propice à l'hystérie.


Il passe passe sur le pas, il faut pas, le

faux pas du mot. Il éructe des onomatopées,

"La pipe du papa du pape Pie Pie sept pissait ..."

"Ne dominez pas vos passions passives ...

mais vos ra-tions ... dévorez-les ..."

onomatopées bien frappées, donnant du sang,

du sens aux actes.


Jeux de mots qui se précipitent en cadence

jusqu'à la décadence et la dé-composition

de la parole, en trous de dé-raison, pour se

perdre sans raison dans le noir final de l'oubli.

A découvrir, sans oublier de Voir,

A s'oublier soi-même pour mieux Percevoir

Tout ce qui ressurgit du Noir

Et nous redonne de l'Espoir.


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Le Gorille, de A. et B. Jodorowsky, d'après Kafka (27-10-10) *****

Au Lucernaire, on saute en l'air !

Kafka qui, dans son immense oeuvre,

a si bien décrit l'appareil judiciaire,

démêlé son inextricable labyrinthe,

singé l'absurdité de son système

et poussé au paroxysme la parodie

de justice, Kafka ne renierait pas

l'adaptation faite de ce gorille

grandiose qui nous invite à réfléchir

sur nos comportements et nous

offre une belle leçon d'humanité !

Jodorowsky ?

Il a besoin d'un espace dépouillé

Afin de pouvoir s'épouiller

Et exprimer sa magnifique gestuelle,

Incroyable expression corporelle ;

Car c'est avec une grande souplesse

Qu'il nous fait partager sa prouesse.

Sa puissance simiesque occupe toute la scène

Et nous tient en perpétuelle haleine.

Performance physique d'une bête de scène,

Bondissante sous le maquillage

Qui ne lui donne plus d'âge,

Dans un costume sur mesure

Digne de sa généreuse démesure.

Jodorowsky ?

Doué d'un mimétisme irrésistible,

Il s'incarne et devient son propre combustible.

Défier les comportements humains, il ose !

On assiste à une véritable osmose

Entre le jeu, le phrasé, la musique

Où le tragique fait place au ludique.

Et au(x) travers de tous les propos qu'il expose

Tout vole, éclate, implose et explose :

Mise en scène, mise en espace, mise en abîme,

Bref, son interprétation touche au sublime.

"Regards" lucides pour une magnifique

"Description d'un combat", lutte animale

et humaine, avec peu de place pour les

sentiments de "Felice Bauer" et les

"Lettres à Milena", mais débarrassé de la

" Lettre au père", lèpre qui gangrène la vie

de Franz Kafka.


Jodorowsky "Métamorphose" l'écriture de

Kafka sans la trahir : "d'un trait de plume, on

m'avait donné une âme". De sa "Première

souffrance", il tire sa force. De l'homme,

il fait "Le Procès" et dresse un "Verdict"

à l'envoyer dans un "Terrier" à "La Colonie

pénitentiaire", au-delà de "L'Amérique", bien

loin de la vie de "Château".


C'est sur "Un rêve" que s'achève l'aventure

humaine de cet extraordinaire gorille qui,

à son tour, juge les éminents membres de

l'académie :

"Qui êtes-vous pour me récompenser ?"

"C'est moi qui vous décernerai une

récompense le jour où votre corps (ou coeur)

se transformera en pur esprit."

Entré singeur, on ressort songeur …


b.c.lerideaurouge

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Récits de femmes, de Franca Rame et Dario Fo (22-10-10) ****


Enfin un spectacle finement ciselé et qui fait

réfléchir sur la condition de la femme, ou plutôt,

des femmes. Le patriarcat, bien égratigné, ne

ressortira pas somnambule du Funambule.


A voir absolument,

A consommer, ou plutôt, à méditer sans modération,

A la place des médicaments.

Attention, provoque des émotions !


Des phrases percutantes, qui frappent le spectateur

et surtout lui arrachent des rires que j'espère

salvateurs et non complices. Des rires qui aident

à dédramatiser les faits relatés avec un humour

léger mais efficace.


Certes, les auteurs ne font que dénoncer,

ou plutôt démontrer, sans proposer de solutions, mais ce n'est peut-être pas à eux de le faire. Ils mettent le doigt

là où ça fait mal et nous ouvrent à la réflexion.


Cécile Leterme, dans un rôle écrasant,

"Nous avons toutes la même histoire" et

"Une femme seule", est éblouissante de

vérité. Le "Couple ouvert à deux battants"

n'est pas en reste avec Lou Tordjman et

Sylvain Savard.


Un trio de choc, qui avec beaucoup de chic,

interprète de beaux interludes joliment chantés

a capella. Entractes musicaux qui font passer

la pilule et digérer les humiliations subies,

siècle après siècle, de génération en génération,

par les femmes, qui ont bien du mal à ouvrir

les yeux et relever la tête.


Si, en biologie, l'homme est le parasite

de la femme, sociologiquement la femme,

elle, est l'exutoire de l'homme, son esclave

et son jouet. Comment sortir de cette situation

millénaire, multi-millionnaire, qui n'apporte ou

ne rapporte qu'à l'homme et coûte tant à la femme ?


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Don Juan d'après Molière, Adaptation de Brecht (20-10-2010) ****


Au Lucernaire

On prend l'air,

L'air du temps de Molière.

Allions-nous assister à la désacralisation

du mythe de Don Juan ? C'est la question

qu'on pouvait se poser en voyant l'importance

accordée aux accessoires et notamment

au balai qui incarne un ballet de personnages,

tel Gusman irrésistible en tête-de-loup.

La pièce s'ouvre sur une scène

de balayage ... devant sa porte ?

devant la porte des idées préconçues ?

Le balai tourne et se retourne

sur un plateau circulaire noir

au centre duquel trône , de dos

(l'a-t-il dans le dos ?) Don Juan

entouré des protagonistes de la pièce

de Bertolt Brecht. Chacun, tour à tour,

interprète plusieurs rôles. Il n'y a que

six acteurs, mais leur talent en fait

apparaître bien davantage et tous

se montrent à leur avantage, manipulés

et manipulant d'originales marionnettes,

véritables actrices du drame.

Beaucoup d'ingéniosité dans le montage

et la représentation des personnages

sous forme de pantins de bois et de cuir,

comme le frère d'Elvire, ou tissés en

filets de pêche, ou encore Monsieur Dimanche,

mannequin endimanché dans son costume

du dimanche et au visage de carton pâte

ou de tissu, dont l'ombre plane au-dessus

de Don Juan.


Au final, la marionnette de Don Juan,

seule marionnette minuscule du spectacle,

placée au cœur d'un mini-théâtre de

marionnettes déserté, laissant Guignol seul

face à lui-même, glisse vers le néant.

Rythme soutenu et musical déclenché par

les comédiens eux-mêmes se servant de leur

corps comme instrument et de leurs mains

comme archets. Don Juan, dans l'embarras,

sait jouer des claquettes et, pour les bruitages,

les acteurs utilisent leur bouche.


Les chœurs à l'antique sont agréablement

interprétés par toute la troupe, sans oublier

les chansons si chères à Brecht.

Des décors humains et mouvants charment

nos yeux. Leurs bras figurent les branches

des arbres et donnent des fruits goulûment

avalés par Don Juan et Sganarelle.

En Sicile, l'action se déroule

Et à flots le vin coule.

Autour du plateau tous déboulent

Et, successivement, tout s'enroule,

Et, des uns et des autres, les faits découlent.


C'est un Don Juan en prose

Où tous les propos s'opposent,

Sans aucune porte close,

Loin des scellés qu'on appose

Et sans ostéoporose.

Michel Cadot nous fait le cadeau d'une

traduction très actualisée avec son franc-parler.

L'excellent jeu, très moderne, naturel et sans

emphase, avec clins d'œil à notre actualité, nous

réjouit (trivial à souhait mais avec élégance) et,

au lieu de tourner Molière en dérision,

ajoute beaucoup d'humour au magnifique

texte d'anthologie universelle.

Adaptation brechtienne très réussie et qui ne

fait pas injure à l'éternel mythe de Don Juan,

si souvent travesti et exploité dans toutes

les langues par nombreux dramaturges dont

certains n'ont écrit que des purges.

A absorber sans modération.

b.c.lerideaurouge


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Peau d'âMe, de Benoît Gautier (20-10-2010) ***


Peau d'âMe, avec un M Majuscule,
car tout est Majeur dans ces MoMents Merveilleux,
Magnifiquement écrits et Mis en scène par Benoît Gautier,
Magistralement interprétés par Nadine Girard et Sylvain Savard.

On assiste à une céréMonie Mortuaire Maquillée de paupières closes sur lesquelles sont peints d'iMMenses yeux verts qui nous fixent et pénètrent le tréfonds de notre âMe. Les visages sont très expressifs, sans être excessifs,
et la bouche de Nadine Girard est à se tordre

de rire quand elle incarne avec suavité les MoMents atroces de ces contes de fées,

féeries lointaines et proches, fées et rires.

Fais et ris, semblent nous dire le garçon doré,

petit héros de nos souvenirs enchantés,

et sa complice qui se glisse dans ses rêves,

dans nos rêves.

"Mieux vaut rêver sa vie que ne pas vivre du tout".

J'ai revu avec un plaisir neuf les contes

arrangés de cette Peau d'âMe, comme si je les entendais pour la preMière fois, éMerveillée de redécouvrir tous les récits de Mon enfance, éMue, avec le coeur qui se serre à l'évocation de Peau d'âne, ayant hâte de vivre la suite des péripéties de ces contes huMoristiqueMent revisités et brillaMMent servis à notre envie gloutonne.

Des psychocontes psychédéliques, psychédélires garantis, dont l'interprétation nous prend aux tripes et tripatouille nos sensations de bonheur. On se délecte de ce texte vif et très drôle et on est constaMMent surpris, dans l'attente de savoir à quelle sauce on va être dégusté.

Décor de catacombes avec un ossuaire de

deux crânes, deux candélabres, deux tables,

deux chaises, sur d'iMMenses draps blancs recouverts d'innombrables Mini-bougies, tels de petits nénuphars flottant éparpillés sur la scène, grains de sable, cailloux seMés, parseMés d'idées.

Cette partition pour deux coMédiens hors pair est Menée tambour battant, avec un rythMe d'enfer et une Musique appropriée.

Les deux comédiens, par un défilé d'accents

tous plus vrais les uns que les autres, Multiplient

les acteurs du drame comme on Multiplie les

petits pains éMiettés. Les passages aux accents

québécois sont particulièrement réjouissants et

savoureux.

J'ai assisté à un superbe spectacle,

représentation subliMée, qui hérisse le poil

de plaisir à en avoir la chair de poule

et frissonner d'éMerveillement.

b.c.lerideaurouge


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Thelma, de Claude Bonin (19-10-10) ****

    Dans le cadre du festival d'un automne à tisser,

Claude Bonin nous offre sa vision dédramatisée

de la mort et du deuil. On pénètre de plain-pied

dans le thème avec cette phrase d'ouverture et

de clôture, si simple et si profonde en même temps,

où tout est dit : "Je me nomme Thelma et je suis morte."

Mais personne n'est triste, même lorsque le tombeau

se referme et que le spectacle s'achève sur cette note

d' espoir : "Il ne faut pas avoir peur de la mort. Moi-même

je suis morte et je n'ai pas peur ... Voilà, c'est fini !"


En une heure de temps, on part à la recherche de soi

et des odeurs oubliées comme celle du pain que l'on

pétrit aussi du regard. Ce regard, on le pose sur les mains

lumineuses de Thelma et on a envie de pétrir avec elle,

et les mini-masques et la vie. On désire partir avec elle

en quête de l'odeur du théâtre et la lui ramener en guise

de partage. Les figurines de pâte à modeler modèlent

les images qui nous imprègnent et nous accompagnent

dans notre voyage d'initiation à la paix intérieure.


Un joli conte pour apprivoiser la mort, agréablement

incarné par Mariann Mathéus dont la diction impeccable

coule sur nous comme un doux sable. Elle nous berce

d'émotions comme elle berce ses enfants, petites

marionnettes de pâte à pain dont on croit percevoir

l'odeur fraîche et chaude. Sous ses doigts agiles, les

visages de pâte à pain prennent vie, s'animent d'expressions

continuellement renouvelées et criantes de vérité.

Anton, le plus jeune, se recompose sans cesse un visage

de pâte de pain, fragile et poignant. Il doit respirer comme

respire la pâte de pain puis, tout simplement, meurt de

l'indifférence du monde et n'est plus qu'un visage rond,

saupoudré de farine comme une pluie de terre déversée

sur un cercueil.


Thelma, un spectacle à mourir de plaisir et de doux sourires,

à l'Epée de bois, en pleine Cartoucherie de Vincennes.



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Pablo Zani à l'école, de Lise Martin (06-10-2010) ****

Au théâtre Daniel- Sorano,
C'est là qu'il faut venir faire un saut !


J'ai vécu ce soir
Un spectacle d'espoir !
Soirée magique,
Prestation féerique,
Une rencontre authentique ...

Tout est à l'unisson :
Le jeu, le décor, le son !
Une leçon, une consécration ...

Entre lui et le public
Se noue une véritable idylle ;
C'est un moment unique
Où chacun jubile ;

Et la salle en délire,
Après un grand moment de rire,
Sous le masque ôté
Négligemment posé de côté
Ainsi qu'un chat débotté,
De découvrir le comédien,
Plus rien ne la retient.
Et c'est par une ovation
Que s'exprime notre émotion !

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Aimez-vous la nuit ?, de Julien Séchaud au Guichet Montparnasse (26-09-2010) ***


Julien Séchaud ... c'est chaud !

C'est brillant de sincérité,

Ecrit avec un grand doigté.

Ce Guichet-ier intellectuel

Nous ouvre ses jeunes ailes.

Premier essai déjà transformé,

De bonheur on est transporté.

Il nous livre avec ardeur

Ses réflexions en profondeur.

Interprété avec brio

Par le sympathique trio

De choc du Guichet Montparnasse,

Où seulement sur scène

Un personnage trépasse

Offrant à un autre la vie saine.

Et même un quatuor

Si les élèves il faut inclure encore !

Et c'est très ému que l'on sort

Avec un coeur en plein essor ...


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Ce soir au Guichet Montparnasse (16-05-2007)


J'espère que le mois  écoulé, et non pas écroulé, a été fructueux en émotions artistiques.

La "Charmante Soirée" censée vous divertir dès 18h45 au premier  service du "Guichet Montparnasse"
se dé-compose en un tête-à-tête, sans prise de tête, avec deux petits hors-d'oeuvre,
chefs-d'oeuvre de Courteline : "Les Boulingrin" et  "La  Peur des coups",
mélange savamment dosé de saveurs piquantes qui devraient mettre en bouche
le spectateur averti, même s'il ne l'est pas.
 
Puisse le jeu des acteurs transformer ces amuse-gueule pour fine gueule et fine bouche,
(si la pâte se brise, si l'appât a prise), en un plat de résistance pour accueillir
le second service de 20h30 avec les "Non-Dits" habituels ou inhabituels.
Que ne dit-on avec les non-dits de la vie et d'ailleurs, sans frayeur ?
A découvrir sur place ce spectacle d'un auteur vivant (Grégoire Christophe)
bien vivant puisque venant, revenant, intervenant dans sa pièce.
 
Il dit : "on choisit pas ses amis, on choisit pas sa famille ..."
(ça, c'est à voir, va savoir, ça se discute, ça se dispute, ça se suppute ...)
Réponse attendue incessamment ou sous peu et, si possible, élégamment ou
également au .. .. .. .. ..


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Cinna de Corneille (saison 1999-2000)


A la Cité Universitaire, un horrible crime fut commis ...
On y assassina Cinna. Fuyez, il est encore temps !
Un candélabre à la main, tâtonnez à travers un décor
délabré et lugubre. Echappez à la monotonie
crépusculaire et inaudible de cet affreux spectacle.
Un écueil à éviter absolument, sous peine d'ennui
mortel et d'un profond dégoût pour l'oeuvre de
Corneille qui, sans l'aide acharnée et destructrice de
la Cité Universitaire, serait restée un chef d'oeuvre.

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Les Fourberies de Scapin de Molière (19-05-1999)


     Un décor agréable et des costumes hauts en couleur
aident à digérer les anachronismes mais ne parviennent
pas à faire oublier le mauvais jeu des acteurs.
     De la comedia del arte, on ne retiendra que le bariolé
des couleurs, mais le reste n'est que pitreries burlesques.
     A l'agilité fait place la lourdeur, et la souplesse des
sauts et des gestes est celle d'un troupeau d'hippopotames
qui se seraient trompés de siècle.
Mais le ridicule ne tue pas et les enfants rient aux éclats.
Normal, c'est l'Ecla-théâtre !


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La bonne âme du Sé-Thouan de Bertolt Brecht (18-05-1999)


     Du très bon Brecht pour un spectacle excellent. Les dix
comédiens, comme les dix commandements bien suivis,
se déchaînent et vibrent de toutes leurs cordes pour interpréter au TEP vingt-six personnages. Une bien belle
distribution, décuplée par dix talents, tous à l'unisson.
Pas de fausses notes. Une portée musicale rondement menée jusqu'à son terme.
     Brecht a l'art de simplifier ce qui est compliqué. Il met,
à la portée de tous, les dilemmes les plus difficiles à
résoudre, nous les renvoie à nous-mêmes et soudain la
lumière nous apparaît. Du tragique, nous cultivons les
sourires, et, des fleurs de rhétorique, naissent nos pensées
puis s'épanouissent nos réflexions.
     D'apparence frivole, cette opérette dramatique aborde
les thèmes les plus cruciaux. Les problèmes sociaux, issus
des différentes couches sociales (de la population) se
posent à nous et, par l'écriture claire de Brecht, nous avons
l'impression de les comprendre enfin.


b.c.lerideaurouge

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Peau d'âme, (1999)

Au Guichet Montparnasse, sous l’égide de la compagnie BAFDUSKA THEATRE, Benoit Gautier, met en scène le fruit de son imagination Peau d’âme. Il y dirige un Sylvain Savard vibrant de sincérité. Il surgit d’un cercle lunaire, les yeux dans les étoiles, avec l’émerveillement d’un petit prince accoudé à la planète Rêve.


C’est une oeuvre poétique magnifiquement orchestrée, où un « livrophage » prend tout ce qu’il lit pour argent comptant, avec une naïveté désarmante. Une espèce d’osmose, entre harmonie du jeu, mise en scène et musique, nous imprègne.


Rêve et réalité ne font qu’un. Quelle importance puisqu’on y croit. Les contes de Perrault, revisités avec une écriture moderne et humoristique, nous livrent de jolis jeux de mots. L’acteur ne nous raconte pas Le petit Poucet, il est le petit Poucet. Dans Peau d’âne, il est l’âne. On suit avec bonheur cet « expert en imaginaire… qui saute par-dessus la barrière de l’horizon ». C’est un autre petit prince dont le suicide n’arrive plus à la cheville mais au cerveau.


Si l’auteur évoque simplement Cendrillon, Le Chat Botté ou La Belle au Bois dormant, il nous plonge dans le tragique, l’horreur et le sanglant avec le loup du Petit chaperon rouge (l’autre côté du Petit chaperon rouge, celui de la psychanalyse) et Barbe-Bleue. Ce texte émouvant prolonge les contes dans leur éternité. Au moment où l’on croit sombrer dans le mélo, le rire reprend le dessus, entre deux contes, et Les Fées nous emportent dans un univers de fleurs et de pierres précieuses, mais aussi de serpents et de crapauds. Toute la magie du bon et du méchant, brodée autour d’un collier de perles rares et de pétales de roses. « Sans méchant, pas d’intrigue possible et donc pas de fin heureuse ! »


Récit entrecoupé de poèmes ludiques bien rythmés, ironiques et oniriques. Une alternance de prose et de vers agréablement scandés. « Défie, défie, défie-moi. Méfie, méfie, méfie-toi… Si tu te fais la belle mon joli, c’est ta vie qui part aussi ! ».


Si au théâtre il aime Prévert et Cocteau dont il a l’esprit, au cinéma il s’extasie sur Demy, Deneuve et Truffaut. « Au cinéma, tout est faux, mais pour de vrai ! »


Une symphonie des couleurs pour un décor noir et rouge. Des tissus chatoyants, mordorés, moirés, « moelleux ». Le rouge du théâtre, rouge sang, rouge passion, rouge tragique et le noir du cinéma, noir de la mort. Un bleu lumière, bleu électrique, bleu violet lumineux, bleu de la magie et du fond des temps. Le jaune du soleil que l’on a dans le cœur et qu’on ne voit pas sur scène. Les couleurs de l’éclair, l’éclair qui tue. Lumière jaune du vélo jaune, celui qu’on a dans la tête, et qui se fond, tel un fondu enchaîné, dans le noir de l’immensité.


b.c.lerideaurouge
 
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